Par Serge Aimé Bikoi
Toute chose qui veut dire que le choc brutal et violent est soit cérébral, soit interne à l’organisme. Deux hypothèses peuvent être plausibles : soit l’accidenté peut avoir un traumatisme crânien, soit il peut être en butte à une hémorragie interne. Mais les “secouristes circonstanciels” arrivés sur le champ extraient Cabrel Nanjip Nyamton de son véhicule bousillé, le mettent à même le sol et ont le temps de prendre des photos et des vidéos, de les publier, au lieu de le conduire, de toute urgence, dans une formation hospitalière proche du lieu de l’accident de circulation.
Il y a, sans doute, un problème d’éducation de base de certaines catégories sociales. Des âmes sensibles réussissent à l’emmener à l’hôpital, à le mettre sur un brancard sans aucune assistance médicale, l’infortuné est couché au milieu d’infirmiers et des curieux venus munis de leurs gadgets numériques pour capter la meilleure image à partager sur les réseaux sociaux. C’est devenu un rituel pour bien de personnes. Quelqu’un se bat pour essayer de respirer dans une salle bourrée de monde, où l’on ne sait qui est qui, qui fait quoi et où l’air ne circule pas normalement. Pire encore, la chaleur est exubérante. Cabrel a, juste, un objet (je ne sais lequel) dans la bouche probablement pour l’aider à respirer… De quoi s’agit-il en réalité ?
Ce développement argumentatif incline à soutenir la thèse selon laquelle l’humoriste aurait pu survivre si le minimum d’assistance lui avait été administré depuis Ebombe, bourgade située dans le département de la Sanaga-Maritime, arrondissement de Pouma, région du Littoral. Bourgade dans laquelle est survenu cet accident.
Ce type de traitement d’un accidenté pose des problèmes qui méritent d’être disséqués. Le premier est celui de la décision tardive d’emmener le compatriote rapidement à l’hôpital pour y subir des soins intensifs. Tout ce temps perdu à l’extraire de son véhicule, à l’immobiliser au sol, à prendre les photos, à faire des courtes vidéos et attendre une personne de bonne volonté dotée d’un véhicule pour l’emmener dans un milieu hospitalier le plus proche.
Le deuxième problème est lié au fait qu’un secouriste ou, du moins, une personne déterminée aurait commencé, en pareille circonstance, un massage cardiaque au moins pour que Cabrel ouvre les yeux et qu’on le maintienne éveillé. Que nenni ! Il s’agit, ici, de la problématique de la formation aux premiers secours.
Le troisième problème, le plus grave d’ailleurs, est celui de l’absence du plateau technique dans les hôpitaux camerounais. Nous avons, tous ou presque, regardé une vidéo dans laquelle le Nyamton était en train de respirer, luttant pour vaincre la mort, mais en vain! Il est donc à noter qu’il n’y a eu aucune assistance, aucun masque à oxygène et aucun fil sur lui, bref rien de tout ça. Tu peux donc succomber dans ce pays par manque de seringue. C’est un fait. Avec un axe aussi périlleux que celui de la Nationale no3, il devrait, au moins, avoir deux ou trois hopitaux de référence tout au long du trajet avec un personnel qualifié prêt à parer à toute éventualité. Mais hélas ! D’ailleurs, les hôpitaux de qualité sont rares. De plus, il faut aussi remarquer qu’il manque le strict nécessaire pour les premiers soins. Par conséquent, si tu fais un accident de circulation dans une ville camerounaise, tu feras des mains et des pieds pour survivre probablement avec la bénédiction de l’éternel divin.
Au demeurant, pourquoi les dirigeants du pays et les autorités et gouvernementales ne se décident-ils pas enfin à terminer le projet infrastructurel lié à la construction de l’autoroute Douala-Yaoundé, projet qui date? Encore un accident de la route par collision, alors que l’on aurait pu éviter ça. Depuis une décennie ? Qu’est-ce qui est à l’origine de l’incurie des officiels gouvernementaux? Pourquoi cette mal gouvernance devenue congénitale ? Un jour, comme qui dirait, les gouvernants actuels payeront le lourd tribut de ce qu’ils auront semé depuis des décennies.
