Par Mon’Esse
Les évêques du Cameroun ont dénoncé une situation du pays dramatique, marquée entre autres par la corruption rampante, l’insécurité croissante ainsi que la détérioration des conditions de vie, surtout les jeunes diplômés et les populations vulnérables.
Dans un message parvenu lundi à la rédaction, consécutif à leur 48ème séminaire annuel, qui s’est achevé pendant le week-end à Buea (Sud-Ouest), ils se sont livrés à un inventaire sombre de la vie socioéconomique, infrastructurelle, politique et sécuritaire du Cameroun.
Depuis quelques années, et de plus en plus ces derniers temps, les angoisses de la très grande partie des Camerounais se sont transformées en cris de désespoir face à la misère qu’ils vivent et à la dégradation de leur beau pays, constatent-ils.
Pointant un doigt accusateur sur l’élite dirigeante, ils estiment que leurs consciences de pasteurs et de citoyens ne sauraient rester indifférentes à ces cris de détresse, et se reconnaissent donc réellement et intimement solidaires du peuple camerounais tout entier et de son avenir.
Déplorant la non-application de l’article 66 de la Constitution de 1996, dont la mise en application devrait constituer la clé de voûte la lutte contre la grande corruption et l’enrichissement illicite, le clergé se rend compte que, 35 ans après la sonnette d’alarme sur la crise économique, et 65 ans après l’accession du pays à l’indépendance, le Cameroun continue de vivre dans le marasme économique et social, et l’incertitude de l’avenir
Se demandant si un pays ne vit que sur et de la fiscalité, d’ailleurs perçue comme un ultime moyen pour asphyxier ceux des Camerounais dont la pauvreté du pouvoir d’achat est criarde, les évêques notent, dans l’autre sens, des pillages organisés du patrimoine économique, avec en première ligne le bradage et l’aliénation des concessions minières et agricoles,
«qui s’effectuent sur des accords signés ici et là de manière très discutable».
«Quand le chef de l’Etat en appelle à la grande mobilisation pour faire face aux défis persistants, il nous semble que le plus grand de ces défis est la corruption avec ses corollaires de détournements et de manque de transparence.»
Rappelant, 35 ans après, les termes critiques de leur première lettre pastorale sur la crise économique, ils soulignent l’urgence d’actions urgentes et concrètes, destinées à répondre aux attentes légitimes de la population, particulièrement les couches les plus vulnérables.