Synthèse de Mon’Esse
L’économie camerounaise «est aux abois, et c’est peu de le dire», estime le président du Groupement des entreprises (Gecam), Célestin Tawamba.
S’exprimant dans l’édition de septembre du Bulletin patronal, parvenu samedi à la rédaction, il constate que le rythme de croissance plafonne autour de 4% depuis 2010, largement en deçà des objectifs fixés, que le déficit de la balance commerciale a franchi la barre des 2000 milliards de francs en 2022, soit près de 25% du budget.
«Le nombre de personnes en situation de sous-emploi et de pauvreté a considérablement augmenté. La contradiction entre les objectifs de croissance formulés et les fondamentaux est grandissante.»
S’agissant des problématiques majeures plombant l’environnement économique, parfaitement connues et également relayées par les principaux bailleurs de fonds, le patron des patrons cite une fiscalité orientée recette plutôt que développement, le déficit et la dégradation avancées des infrastructures routières.
Y figurent aussi, les retards majeurs dans l’amélioration de l’offre d’énergie, «tout ceci malgré une dynamique d’endettement soutenue et particulièrement inquiétante au regard du poids grandissant du service de la dette dans les finances publiques et du retard dans l’apurement de la dette intérieure».
A l’en croire, la Loi de finances 2024 procède à une multiplication exponentielle des taxes parafiscales touchant quasiment tous les secteurs d’activités et tous les services rendus par les administrations publiques, sans compter que les collectivités territoriales décentralisées font naître de nouvelles taxes tous les jours, lesquelles obèrent continuellement la trésorerie des entreprises et réduisent leur compétitivité.
Poursuivant cet inventaire sinistré, s’agissant la politique d’incitation aux investissements et si l’on s’en tient aux chiffres disponibles, pour une proportion de 198 milliards de francs d’incitations fiscales et douanières accordées, la richesse créée se situerait autour de 41 milliards de francs seulement, soit 0,0018% du produit intérieur brut (Pib).
Dans les pages internes de la publication, le Bulletin du Gecam mentionne que le système fiscal demeure injuste et oppressif pour les entreprises du secteur formel, en raison d’un taux d’imposition effectif élevé : avec des taux effectifs de 60 à 80%, il impose également les entreprises naissantes et même celles qui font des pertes via la collecte d’un impôt minimum forfaitaire.
Dans le domaine de l’énergie électrique, le patronat note que le déficit demeure important, plus de 40% de la population n’ayant pas accès à l’électricité au Cameroun et le besoin d’énergie non satisfait du secteur industriel étant désormais estimé à environ 400MW.
L’ensemble du réseau routier est dans un état désastreux et inédit, les entreprises éprouvent de sérieuses difficultés dans leur processus de numérisation et, de janvier à avril 2024, près de 6000 Camerounais ont immigré au Canada – essentiellement des personnes qualifiées, ce qui accentue la question de la qualité de la main d’œuvre au sein des entreprises camerounaises.
Du côté de l’accès au titre foncier, encadré par un ensemble de textes réglementaires dont les principaux datent de 50 ans, la procédure de son obtention est très longue, assez coûteuse et très peu sécurisée.