Panorama papers
Par Ilyass Chirac Poumie
Le Mandela Center International (MCI), organisation à statut consultatif spécial auprès des Nations Unies et lauréate du Prix international des droits de l’Homme 2024, a publié ce 9 octobre 2025 une alerte urgente (N°177/MCI) réclamant la suspension immédiate du magistrat Gaoussou Taira, en service au Tribunal de Première et Grande Instance de Mora, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Selon le communiqué, le juge, surnommé « le Sanguinaire », est accusé d’avoir multiplié les convocations arbitraires de cultivateurs du village Warba, y compris de personnes décédées, dans le cadre d’un conflit communautaire entre chrétiens et musulmans. Les faits rapportés évoquent des pressions, menaces de détention provisoire et extorsions de fonds auprès des populations locales, notamment une somme d’un million de francs Cfa versée par des notables pour éviter des arrestations.
L’Ong affirme que le magistrat aurait récidivé, exigeant une nouvelle somme sous peine de mandats de détention immédiats. Le MCI rappelle que ce même juge avait, en octobre 2024, ordonné la détention abusive du proviseur du lycée de Kourgui, avant que ce dernier ne soit libéré par le procureur après 48 heures d’incarcération.
Dans son communiqué, le Mandela Center International accuse Gaoussou Taira de violer les Principes de Bangalore sur la déontologie judiciaire et le statut de la magistrature camerounaise, en manquant à ses devoirs d’intégrité, d’impartialité et d’honneur. L’organisation exige sa suspension immédiate et sa radiation du corps de la magistrature à l’issue du prochain Conseil supérieur de la magistrature.
Créé en 2009, le Mandela Center International est une Ong de défense des droits humains reconnue pour son plaidoyer contre la corruption et les abus de pouvoir en Afrique. Elle bénéficie du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC).
Cette nouvelle alerte s’inscrit dans une série de dénonciations visant la corruption judiciaire et les atteintes à l’État de droit au Cameroun, à quelques jours de la présidentielle du 12 octobre 2025, dans un climat politique déjà tendu.
