Par René Mbarga
Dans un entretien accordé à notre confrère Jeune Afrique, le journaliste Jean Claude Ottou, présentateur vedette du journal parlé de 20 heures sur le poste national est revenu, sur certains temps forts, de cet événement marquant de l’histoire du Cameroun. ” C’était un jeudi. La journée s’annoncait ordinaire. Arrivée à la maison de la radio à 8 heures, première conférence de rédaction à 10 heures. À l’époque, les locaux de la station et ceux des services du Premier ministre, Paul Biya, étaient mitoyens. Les fenêtres de mon bureau donnaient sur la cour de la primature. Peu après, la conférence de rédaction, l’un des journalistes, Abel Mbengue, vint nous signaler qu’un inhabituel défilé de voitures officielles s’y déroulait.
C’est le président qui démissionne…
Et plus loin, poursuit l’interviewé :”Le ballet se poursuivit jusqu’au début de l’après-midi, laissant subodorer des consultations en vue d’un remaniement ministériel. Nous étions à mille lieues d’imaginer ce qui se tramait. Vers 16 heures, Alexandre Kokoh à Messe, directeur de la radio, et moi-même reçûmes chacun un coup de fil de la présidence de la république nous enjoignant de dépêcher sur les lieux une équipe de techniciens- sans reporters – “pour un enregistrement spécial”. Alexandre Kokoh à Messe s’y rendit en compagnie d’un ingénieur du son, Jean Antoine Foé Amougou. À son retour une heure plus tard, Kokoh à Messe, surexcité, fit irruption dans la salle de rédaction, me prit à part, me tendit une bande magnétique et, sentencieux, déclara :”M. Ottou, cette bande est un trésor pour vous, c’est le président de la république qui démissionne” rapporte l’ancien présentateur des journaux parlés.