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Par Joël Onana
Dans sa vision pour l’avenir, Jean Paul Ntsengue propose de détacher l’institution coutumière de toute influence politique, afin qu’elle redevienne le socle du spiritualisme de nos sociétés et la source de notre intelligence créatrice. « Car, affirme-t-il, il ne faut pas se tromper, c’est dans le spirituel que l’Occident et l’Orient ont trouvé les clés du développement >.
« L’avenir de la chefferie traditionnelle au Cameroun, selon la vision du candidat indépendant Jean Paul Ntsengue
La Chefferie traditionnelle doit retrouver son rôle de guide spirituel suprême des peuples africains en général et camerounais en particulier. Pour cela, elle devra devenir apolitique et quitter son rôle d’auxiliaire de l’administration pour se consacrer entièrement à ses missions religieuses. Si autrefois, les Chefs traditionnels détenaient sur leurs peuples le pouvoir à la fois temporel et spirituel, les exigences de l’organisation républicaine de notre État hérité de la colonisation, commandent que l’on enlève à l’institution coutumière, le pouvoir régalien désormais révolu aux institutions publiques de cet État d’essence coloniale. RAPPEL HISTORIQUE DE L’ORIGINE DU PROBLÈME
Il faut rappeler ici que tous les peuples et leur organisation sociale connaissent les mêmes stades d’évolution quelle que soit la chronologie de cette évolution. Depuis que le gros singe qui est notre ancêtre est descendu de l’arbre pour devenir un homme, il a mis en place une organisation sociale tributaire du nombre d’individus composant la communauté, et de l’étendue du territoire occupé par cette communauté. Ainsi, on est passé de petits villages composés de petits clans, à de vastes territoires comprenant plusieurs clans. Le mode d’organisation sociale ancien a conséquemment évolué.
Ce rappel nous permet de comprendre que le mode d’organisation sociale que nos communautés ethniques ont connu avant le Traité germano-Douala de 1884 qui a marqué la naissance de l’État du Cameroun dont les premières frontières vont être dessinées après l’application des résolutions de la Conférence de Berlin de 1885, que ce mode d’organisation sociale disais-je, ne peut plus être le même dans la République d’aujourd’hui. D’où l’étonnement de plusieurs d’entre nous d’assister au renforcement de l’autorité régalienne des Chefferies traditionnelles, sous le regard inerte de l’État, alors même que se construit là une illusion d’autonomisation des communautés à l’intérieur des limites territoriales de chaque ethnie. D’où l’amplification des titres traditionnels tels « Roi des… », « Reine des… » etc… La notion de République par essence démocratique, est pourtant incompatible avec l’existence de ces micro-nations monarchiques. Il est urgent de normer l’existence et le fonctionnement de la Chefferie traditionnelle selon des principes nouveaux et appropriés.
L’application aux Chefferies traditionnelles du principe de la laïcité semble être la solution pour l’avenir de celles-ci
En effet, les Chefferies traditionnelles, gardiennes de nos traditions, doivent redevenir le socle du spiritualisme de nos sociétés et la source de notre intelligence créatrice car, il ne faut pas se tromper, c’est dans le spirituel que l’Occident et l’Orient ont trouvé les clés du développement. C’est en suivant le même schéma que les tribus telles que les Bamilékés et assimilés excellent dans la créativité et le dynamisme.
Nos Chefferies traditionnelles doivent donc renforcer les ordres mystiques traditionnels et mettre en place des institutions initiatiques pour tous les enfants de la communauté. Pour cela, elles doivent devenir apolitiques et ne plus assumer ce rôle d’auxiliaire de l’administration instauré par le colonisateur allemand pour mieux contrôler les populations dites indigènes. Certains croient que les Fang Bëti n’ont pas de vie traditionnelle spirituelle. C’est parce que les Zomloa qui se sont rebellés contre l’Administration allemande ont été remplacés par des auxiliaires non-initiés qui n’avaient aucune connaissance des canons spirituels légués par nos ancêtres.
Il faut donc séparer la Chefferie traditionnelle de l’État et donner aux Chefs traditionnels, leur rôle de Chefs religieux très respectés (comme les prêtres, pasteurs et évêques…) au sein de nos communautés ethniques. Le législateur camerounais l’a partiellement mis en application en faisant élire les représentants de l’autorité traditionnelle au Conseil régional par leurs pairs, en dehors de toute appartenance politique, même si les politiques n’ont pas manqué de s’en mêler.
Jean Paul Ntsengue
Mouvement Citoyen pour une Transition Générationnelle en 2025 (Mctg 2025) »
