Accueil SociétéAfrique Cameroun > Sangmélima après les incidents du 24 mai: L’assainissement des contrats de bail des boutiques est-il la source du mal 

Cameroun > Sangmélima après les incidents du 24 mai: L’assainissement des contrats de bail des boutiques est-il la source du mal 

C’est l’interrogation qui taraude l’esprit de la délégation envoyée par Patricia Ndam Njoya dans la ville chef-lieu du Dja et Lobo pour s’enquérir de la situation une semaine après les incidents entre les autochtones bulu et les allogène bamoun.

Par panorama papers
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Par Léopold DASSI NDJIJOU de retour de Sangmélima

La ville est paisible, sous un soleil de plomb qui annonce une averse prochaine comme il en va dans la zone équatoriale. Quatre ans après la dernière visite, c’était en 2019, suite à une éruption cutanée de malaise de cohabitation des diversités qui font la beauté et le charme de Sangmélima, nous voici à nouveau dans cette cité discrète et vivante. Les plaies de 2019 cautérisées avec le temps, personne n’imaginait qu’on en serait là de sitôt à s’interroger sur la thérapie infligée pour vaincre le mal de la division, de l’affrontement entre les communautés en ces temps-là. Une fois en ville, la délégation a mis le cap sur la préfecture. En l’absence du préfet en déplacement, son adjoint en un tour de main a briefé ses visiteurs en confiant que la cité baigne dans le calme et la tranquillité.

D’ailleurs, rappelle-t-il, le matin de ce vendredi 2 juin 2023, il y a eu la levée de corps de l’autochtone défunt sans qu’il y ait eu le moindre bruit. C’est la même assurance que le sous-préfet va servir aux élus du Noun dépêchés par le président du Syndicat des communes du Noun, maire de Foumban et président national de l’Udc. La troisième halte du périple vers les autorités de la ville, est la commune de Sangmélima. Après un accueil empreint de convivialité, l’édile des céans, après avoir écouté les motifs de la visite, à savoir apporter le réconfort nécessaire et possible aux victimes, savoir les dispositions prises suite à l’incident et autres, le maire va saisir la balle au bond et jouer, si on puit le dire d’un homme politique, franc et sincère.

« Il n’y a pas de problème de vivre-ensemble à Sangmélima ! Il y a des problèmes de cohabitation entre les Camerounais comme il en va dans chaque famille. Ce problème n’empêche pas le vivre-ensemble ».

assène Jean Faustin Bekono, accompagné de deux de ses proches collaborateurs, d’entrée de jeu en recevant la délégation udéciste conduite par le député Ndam du Noun.

Dans la foulée, il s’est demandé ce que l’opinion veut remettre en cause ces derniers temps en parlant de problème de vivre-ensemble au Cameroun.

« Comment une bagarre peut-elle remettre en cause le vivre ensemble ? Nous vivons ensemble depuis les Allemands. Pourquoi le problème de vivre-ensemble ne s’est jamais posé ? Doit-on parler de problème de vivre-ensemble dans une famille quand il y a une lutte entre deux enfants ? C’est un problème de cohabitation ».

renchérit l’édile de la ville chef-lieu du département du Dja et Lobo tout en soulignant qu’il condamne le contenu sémantique que les Camerounais donnent aujourd’hui au mot vivre-ensemble.

Ce qui s’est passé à Sangmélima, poignarde le maire Jean Faustin Bekono, est le fait des politiques.

« Les politiques que nous sommes, les politiques d’ici et d’ailleurs, sont responsables de ce problème de cohabitation entre les Camerounais. Il faut changer la façon de faire la politique. Nous sommes responsables de ce qui arrive maintenant ».

souligne-t-il en incluant ses hôtes.

En dehors de la responsabilité des politiques, il a rappelé le rôle nocif des réseaux sociaux, des médias qui gèrent les familles parce que les Camerounais sont pour l’essentiel absents de leurs responsabilités. A la maison, regrette-t-il à cet effet, c’est le répétiteur qui éduque les enfants, c’est la ménagère qui élève les enfants, ce sont les médias classiques et les réseaux sociaux qui abreuvent les jeunes gens en l’absence des parents. Ce qui a enflammé ou grossi les choses à Sangmélima, c’est la récupération politique. Quand l’autochtone est décédé, une main noire a agité la foule dans le but bien compris d’atteindre des objectifs précis.

La guerre contre la sous-location des boutiques au marché

Il se trouve qu’en ce moment à Sangmélima, le maire a entrepris une refonte des contrats de bail au marché central pour lutter contre le phénomène endémique de la sous-location. Les derniers contrats avec les commerçants datent de 30 ans. Lorsque le maire a entrepris cette opération d’établir des contrats directement avec les occupants des boutiques, il a ouvert de ce fait la boîte de pandore et tous les esprits malfaisants se sont échappés du vase. Il cite l’exemple d’un autochtone qui détient 6 boutiques qu’il sous-loue à 100.000 Fcfa par mois la boutique, mais se trouve étonnement dans l’incapacité de reverser des 600.000 Fcfa perçus, 12 000 Fcfa dans les caisses de la commune. Depuis lors sur la ville, il se propage l’idée selon laquelle le maire récupère les boutiques aux Bulu pour les remettre aux Bamoun et aux Bamiléké. Effectivement, reconnaît le maire, sur près de 500 boutiques recensées dans ce marché, moins de 20 sont occupées par les autochtones. « Quand bien même les boutiques leur sont attribuées, ils préfèrent les sous-louer », déplorent le maire et ses collaborateurs. Dans cette explication, il a mis au défi quiconque de lui montrer un seul Bamoun qui a été chassé de sa boutique. Il s’est agi, rassure-t-il d’une récupération pour conter l’opération de refonte des contrats au marché et de lutte contre la sous-location au marché de Sangmélima. « Le maire a un souci de justice et d’équité, une personne ne peut pas avoir 10 boutiques à elle seule. Il faut en distribuer à tout le monde », conclut le premier magistrat municipal de Sangmélima. Pour terminer la randonnée aux autorités administratives, la délégation s’est rendue à nouveau chez le préfet du Dja et Lobo de retour de terrain. Il a émis le vœu de voir les allogènes s’intégrer davantage dans la cité, de respecter les us et les coutumes de la population locale. « Il n’y a aucun problème de vivre-ensemble à Sangmélima. Les autorités administratives et les élites ont vite jugulé l’incident qui est né d’un foireux deal entre un autochtone et un Bamoun », explicite-t-il en précisant qu’il n’a en réalité rien à dire puisque sa hiérarchie s’est longuement exprimée sur la question. La paix est effectivement revenue à Sangmélima où les communautés vivent en toute intelligence. En répondant à la préoccupation de la délégation sur l’indemnisation des victimes car celles de 2019 ne le sont pas toujours, le préfet a coupé court en indiquant qu’il a dressé une liste des victimes qui sera soumise à qui de droit. La dernière étape de la visite a été la descente sur le marché de Sangmélima. La délégation est allée de boutique en boutique, de toutes les victimes des incidents du 24 mai 2023. Il s’est agi, apprend-on sur place, des jeunes gens désœuvrés qui ont ciblé, pillé ou saccagé certaines boutiques. Pourtant le marché dispose d’une force de police qui veille aux grains car au cours de la descente, les forces de l’ordre vont faire savoir qu’il fallait passer par elles pour rendre visite aux victimes. Ces jeunes gens doivent certainement savoir à quoi s’en tenir désormais car des dispositifs sont en place, apprend-on, pour se saisir d’eux à la moindre incartade.

Réaction :
Koupit Adamou, député du Noun et porte-parole de la délégation
« Nous appelons le gouvernement à dédommager les victimes »

Aux termes de cette mission qui a été dépêchée par Madame le président des Syndicats du Noun, Honorable Tomaïno Ndam Njoya, président nationale de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), nous sommes fiers d’avoir accompli notre cahier de charges tel qu’elle nous a prescrit. Aujourd’hui, il est question d’assurer la bonne cohabitation entre les citoyens d’une même Nation, dans un espace territorial donné comme Sangmélima.

Cette cohabitation peut créer des problèmes, parce que dans cette cohabitation chaque citoyen a ses intérêts et ils ne sont pas toujours convergents et on peut le vivre au sein d’une famille nucléaire comme on peut le vivre au sein d’une famille ethnique. Donc, il ne s’agit pas singulièrement des problèmes de communautés. Il peut s’agir de gens qui pour une raison ou une autre s’attaquent à des gens qui pensent être des obstacles à leurs intérêts à eux. Il est donc question de voir ensemble en tant qu’élus, en tant qu’autorité comment on doit conjuguer les efforts pour barrer la voix à ce genre de comportement. Nous sommes un Etat de droit et dans un Etat de droit, personne n’a le droit de se rendre justice, même quand on est frustré dans ses propres intérêts, on doit prendre le chemin de la justice et on ne doit pas en aucun moment prendre le chemin de la violence contre ses compatriotes. Le calme est revenu, nous vivons ce calme-là. Nous déplorons les pertes que certains de nos compatriotes, majoritairement de la communauté bamoun installée ici ont subies et nous croyons que les solutions vont venir non pas seulement des élus ou des victimes elles-mêmes, mais surtout de la part du gouvernement qui a sa part de responsabilité dans cette situation. Nous croyons qu’en 2019, lorsqu’on a mangé le repas communautaire, le gouvernement s’était engagé à apporter son soutien aux victimes. De dédommager les personnes dont les biens et les boutiques ont été pillés. Cet engagement du gouvernement ne s’est pas réalisé jusqu’à présent. Aujourd’hui en 2023, un autre pillage s’ajoute. Nous n’avons pas suivi le gouvernement prendre des engagements, mais notre devoir est de réveiller le gouvernement à apporter cet appui indispensable et légitime aux victimes pour que ceux-ci puissent reconstituer leurs commerces, pour que ceux-ci puissent refaire leur vie, et vivre en parfaite harmonie dans cette communauté parce que l’une des choses qui menace la cohabitation justement c’est qu’un citoyen se sente dans une situation de précarité extrême alors qu’il avait déjà le minimum pour lui assurer une vie décente. Cela peut pousser à la révolte et pour parer à cette éventualité, il faut que le gouvernement apporte un soutien en termes d’indemnisations de ces actes de vandalisme et de pillages systématiques. Nous saluons la cohabitation entre les communautés ici à Sangmélima. L’hospitalité du peuple ici et nous disons que cette minorité des jeunes instrumentalisés doit être maîtrisée parce que c’est cela qui fait croire qu’il y a des conflits communautaires alors qu’il y en a pas. Toutes nos condoléances et celles du président du Syndicat des communes du Noun, Hermine Patricia Ndam Njoya à la famille éprouvée ».
Propos recueillis par L.D.N.

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