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Cameroun > Sdf, sur les traces du 8.2: Du paradigme du Biya must go à celui de l’exclusion et à l’auto-exclusion des cadres

Les cas d'auto-exclusion historiques enregistrés au sein du Social democratic front (Sdf) sont ceux datant du 26 février 2023.

Par panorama papers
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Enquête de Serge Aimé Bikoi, rédacteur-en-chef de Panorama papers

Troisième partie

En effet, le Comité exécutif national du parti “a pris acte, à l’unanimité de ses membres, de l’auto-exclusion de 34 membres, dont neuf de ce même comité et 25 autres de différentes structures de base”, a précisé la Secrétaire générale du Sdf, Adeline Lord Djomgang dans un communiqué.

Le Sdf reproche à ces militants d’avoir agi “en violation des statuts et règlement intérieur du parti”. Seulement, cette exclusion est attaquée par les principaux concernés, qui se recrutent parmi les 34 membres du G27+. Dans un communiqué rendu public, ce bloc des dissidents prend l’opinion publique nationale et internationale à témoin dans cette tentative de destruction du Sdf et déclare nulles et de nuls effets les résolutions du Nec.

Par ailleurs, le G27+ s’engage “à poursuivre le combat pour la restauration de la démocratie et la justice au sein du parti” et invite les militants à rester vigilants et sereins et “à continuer à maintenir les bases politiques en éveil dans la perspective de la préparation d’un congrès légitime conformément aux statuts et règlement intérieur”. Le G27+ a, d’ailleurs, intenté trois procédures judiciaires au Tribunal de grande instance (Tgi) du Mfoundi et à Mfou contre le chairman Ni John Fru Ndi pour “violation des statuts et règlement intérieur du parti”. La dernière audience a eu lieu hier(jeudi, 8 juin 2023) au Tgi du Mfoundi. Alors que Me Moustapha Ngouana, conseiller juridique, représente le G27+, Me Mbah Ndam est l’ayant-droit du camp du leader national du parti. Le juge a, à cet effet, prononcé un renvoi ferme au 22 juin afin d’accéder au fond du dossier. Affaire à suivre !

* D’autres cas d’exclusion remontant à la moitié des années 90

Les premiers hauts cadres du Social democratic front (Sdf) à quitter le navire l’ont fait en 1995, cinq ans après la naissance du parti. Le Secrétaire général de l’époque, Dr Siga Asanga, oncle maternel de Ni John Fru Ndi, est celui qui avait choisi le chairman pour le positionner à la tête du parti croyant le manipuler à sa guise le moment venu. Malheureusement, la première personne que le leader national expulse du parti est son oncle, Siga Asanga. Cet ancien patron administratif du parti était, d’ailleurs, accompagné d’un groupe d’intellectuels au rang desquels figurent Charly Gabriel Mbock, Dorothée Kom et Basile Kamdoum. Tous avaient été poussés à la démission et avaient créé, parallèlement, deux mouvements. B. Kamdoum avait quitté le parti pour aller créer le Social democratic party (Sdp) avant de regagner finalement les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). S. Asanga, C.G. Mbock et D. Kom avaient été, eux aussi, poussés à la porte et avaient forgé le Forum des sociaux démocrates.

En 1999, l’ancien 1er vice-président national, Souleymane Mahamat, s’en était allé mettre sur pied le Social democratic movement avec d’autres anciens militants. D’autres cadres ne tarderont pas à les suivre un an plus tard. Tazo Acha Charles Asonganyi, un autre ancien secrétaire général; Moukouri Manga Bell, ancien député devenu, plus tard, vice-président; Léolin Nja Kwa, ancien maire de la commune d’arrondissement de Douala 1er et président provincial du Sdf de l’époque; l’ancien député, Jean-Pierre Tchoua, sans oublier ceux qui animaient le parti antérieurement.

D’autres poids lourds vont aussi abandonner la barque en 2002. Maidadi Saidou Yaya, ancien 1er vice-président national du parti, Evariste Fopoussi, ancien secrétaire national à la communication, Samuel Tchwenko et Yves Epacka, tous membres du Comité exécutif national, claquent la porte et soutiennent que le parti a fini par être pris en otage par des transfuges du système du parti unique nostalgiques des pratiques de ce dernier. Interrogé à ce sujet, M. Saidou Yaya donne les raisons de sa démission :

“Pour ce qui me concerne, il était question de refuser les résultats des élections locales de 2002 pour lesquelles le Sdf était passé de 43 députés à 23, ainsi que pour les mairies, où le parti avait perdu plus de 2/3 des communes. Le raisonnement était simple. En acceptant les résultats de 2002, on endossait le processus électoral les ayant produit et Paul Biya allait le reconduire pour la présidentielle de 2004 qu’il fallait protéger… Des rencontres avaient été organisées avec l’Undp(Union nationale pour la démocratie et le progrès) conduite par Pierre Flambeau Ngayap, l’Udc(Union démocratique du Cameroun); par feu Théophile Yimgaing Moyo et Dr Menang; le Mldc(Mouvement pour la libération et le développement du Cameroun) par son président, Marcel Yondo; la Dynamique par Albert Dzongang; le Ppc par Pahai, le Mdp par Mukury Maka… En ma qualité de 1er vice-président du Sdf, j’étais le président de la commission technique ayant fait les propositions aux leaders de partis pour le refus des résultats et la mise sur la table du problème de la commission électorale indépendante… Les résolutions prises par les leaders furent entérinées par le Nec tenu deux jours plus tard à cet effet. A ces assises, j’étais, une fois de plus, le président de la commission technique chargée de présenter la situation au Nec. Cet organe a validé les résolutions de Yaoundé signées par le président national avec d’autres formations politiques. Après, les résolutions de ce Nec ont été annulées par Fru Ndi à travers un communiqué de presse demandant aux maires d’aller faire installer et aux députés d’entrer à l’Assemblée nationale. Dans le même temps, le Peace Pact fut signé entre le Rdpc et le Sdf juste pour la région du Nord-Ouest. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase et j’ai claqué la porte du Parti en compagnie de Fopoussi, Dr Tchwenko, Pr Epacka… Après mûres réflexions, nous avons lancé un parti politique l’Afp(Alliance des forces progressistes) pour lequel j’étais le premier président national et Fopoussi le Sg. Nous avons lancé, dans le même temps, un regroupement, la Cfp(Convergence des forces du progrès) pour la refondation de l’opposition camerounaise autour de l’Upc. Des rencontres ont été organisées avec l’Upc des fidèles de Dr Samuel Mack-it, avec le Manidem de Anicet Ekane, avec le Mp de Jean Jacques Ekindi, avec le combattant Mboua Massok, ainsi qu’avec les dirigeants du forum constitués de Dzongang, de Dorothée Kom et de Charly Gabriel Mbock… Tous ne voulaient que nous récupérer dans leur parti. On est en 2002.
Quatre années plus tard, une autre scission du Sdf amena à la réflexion qui a conduit à la création de l’Afp version fusion de l’Afp originelle, du Sdf de Bernard Muna, du Mdp de Mukury Maka, du Ppc de Jean Pahai du Sdl de Souleymane Mahamat. Au congrès de Mars 2007, Me Bernard Muna est devenu président national et Maidadi Sg”.

L’ancien premier vice-président national du Sdf estime, en outre, que les problèmes posés en 2002 et qui ont conduit à la sortie du Sdf sont restés les mêmes jusqu’aujourd’hui(2023).

“C’est suite à tout cela que Onel(Observatoire national des élections), puis Elecam ont été conçus. Le refus d’entrer à l’Assemblée nationale et dans les mairies en 2002 devait mettre l’opposition en position de force lors des négociations pour la réforme du processus électoral. L’Undp, qui était au gouvernement, et pour lequel Bello Bouba Maigari avait perdu les législatives tout en étant ministre, était dans la stratégie. Tout cela est malheureusement tombé dans l’eau parce que des gens voulaient occuper leurs sièges de député et de maire. Le Sdf avait commencé son repli identitaire vers le Nord-Ouest et la situation n’a fait qu’empirer”.

explique Maidadi Saidou Yaya.

En réponse à ces contestataires, Béatrice Annembom Monju, alors secrétaire nationale à la communication du Sdf, dit: “Ces départs vont soulager des membres du Comité exécutif national”. Un autre inconditionnel de Fru Ndi affirme : “Ceux qui ont démissionné sont ceux qui ont perdu les élections dans leurs circonscriptions respectives et veulent que le parti soit absent du jeu institutionnel”.

* Cas Kah Walla en question

D’autres cas de démission sont enregistrés dès octobre 2010. Le 19 octobre de cette année-là, Edith Kah Walla annonce sa démission du Sdf lors d’un point de presse. Pour l’ancienne présidente de la commission des stratégies du parti,

“il y a un manque de vision et de stratégie commune entre nous. Je préfère me retirer pour me consacrer à autre chose”.

déclare-t-elle aux journalistes.

Alors, le chairman Ni John Fru Ndi refuse d’inviter officiellement les populations à se rendre dans les différents services d’Elecam pour s’inscrire sur les listes électorales, E. Kah Walla, par ailleurs, promotrice de l’association “Cameroon Ô Bosso”, a invité celles-ci et les militants à s’inscrire massivement sur les listes électorales. Une prise de position qui lui a valu d’être traduite au conseil de discipline de sa circonscription. Kah Walla, au finish, a été reconnue coupable de deux chefs d’accusation :

  1. Elle a embarrassé le Sdf, en tenant des propos contraires à la décision du parti alors que le directoire national a déclaré ne pas vouloir collaborer avec Elecam sous sa forme actuelle.
  1. “Elle est aussi accusée d’avoir géré, de manière opaque, l’argent des élections en 2007, 39 millions de Fcfa. Elle avait un budget d’environ 9 millions de Fcfa et elle avait été condamnée à rembourser un peu plus de 29 millions de Fcfa à la circonscription électorale de Douala 1er”, avait soutenu Adolphe Lottin Same, président de la circonscription électorale de Douala 1er, où Kah Walla avait siégé au sein du conseil municipal pour le compte du Sdf.

* Cas Kwemo en question

Après la démission de celle qui est, aujourd’hui, la présidente nationale du Cameroon people’s party (Cpp), c’est autour de l’honorable Pierre Kwemo, alors icône du Sdf, de claquer la porte “pour des raisons personnelles”. Cet ancien cadre du parti était de tous les combats du chairman. L’on se souvient, par exemple, qu’en 2004, lors du renouvellement du bureau du Comité exécutif national, Fru Ndi avait fait face à deux challengers. “Alors qu’il a été élu 1er vice-président national du Sdf au congrès de 2006, il est unilatéralement suspendu de ce poste et interdit de postuler à toute fonction dans le parti pour une durée indéterminée par le chairman Ni John Fru Ndi en novembre 2009”. Plus loin, une autre partie du document intitulée “Rancune” indique : “L’histoire montre que Kwemo a eu tort d’être magnanime vis-à-vis de Fru Ndi, en refusant de lui asséner le coup de grâce en ce moment où il semble couché (…). Mesurant la montée en puissance de P. Kwemo entre 2001 et 2006, Fru Ndi commence à le prendre en grippe et les rapports entre eux se dégradent pratiquement à vue d’œil”.

De plus, Kwemo accuse aussi Fru Ndi d’avoir fait fort en 2007. Selon ses écrits à l’époque, le chairman aurait trafiqué les résultats des élections législatives de cette année-là à son détriment et à la faveur de Me Happi Messack, pourtant inscrit sur une liste électorale à Bafoussam, où il résidait. L’ancien 1er vice-président national du Sdf et ancien vice-président de l’Assemblée nationale a créé l’Union des mouvements socialistes (Ums). Il a été maire de la commune de Bafang. Depuis la publication des résultats du double scrutin législatif et municipal de 2020, il est député Ums du Haut-Nkam. Quatre secrétaires généraux, du moins tous ceux que le parti a eus depuis sa création en 1990 ont été contraints à rendre leur tablier. Le dernier cas en date est celui de Elisabeth Tamanjong. Tous ont quitté le navire “pour des incompatibilités d’humeur avec le chairman Ni John Fru Ndi”. L’ancien président provincial du Sdf pour le Centre, Sani Alhadji, avait, lui aussi, quitté le parti de la balance le 23 novembre 2010.

Analyse sociologique des cas de démission, d’exclusion et d’auto-exclusion des cadres du Sdf

Après avoir disséqué les raisons de la démission, de l’exclusion et de l’auto-exclusion des dizaines de cadres du Sdf, au bien de facteurs sont récurrents. La raison majeure évoquée par plusieurs anciens cadres est que le parti se trouve en collusion avec le régime en place au point que le chef de l’exécutif, avec l’aide des thuriféraires, s’est substitué à toutes les instances du parti. Deuxièmement, les démissionnaires regrettent le fait que le parti se définisse et se complaise dans un confinement régional, voire clanique pour des raisons égoïstes et purement alimentaires. La preuve, la dérive autocratique de son leader a conduit le Sdf à une impasse réduisant celui-ci en une opposition alibi et, par corollaire, en une simple caution du régime. Aussi les démissionnaires reprochent-ils à Fru Ndi le manque d’éthique, la moralité douteuse, la malhonnêteté, la cupidité et le clanisme. Toutes choses ayant détruit le Sdf originel et toute l’opposition.

Voici, à titre illustratif, la liste non exhaustive des cadres du Sdf ayant été exclus et auto-exclus(1990-2023)

A. Liste des auto-exclus de 2023

  1. Nkeze Émilia
  2. Parfait Aloys Mbvoum
  3. Emmanuel Ntonga
  4. Awudu Mbaya Cyprien(décédé), ancien député, ancien Questeur à l‘Assemblée Nationale.
  5. Charles Kouasseu
    6- Sukam Tchandjui Pierre
    7- Jean-Robert Wanko
    8-Carlos Ngoualem – ancien Maire adjoint Dla 5ème, conseiller à la communauté urbaine de Dla.
    9- Nji Tumassang – ancien député, ancien président du groupe parlementaire Sdf à l‘Assemblée nationale.
    10- Fopoussi Fotso Evariste – ancien Député
    11- Luc Ouandji – conseiller municipal Bafoussam 1er
    12- Augustin Tatsinkem- Premier adjoint au maire, Bafoussam 1er.
    13- Arouna Mfam
    14- Edmund Sadefo
    15- Ngapna Abdoulaye
    16- Sidiki Mohkong
    17- Hon Jean Michel Nintcheu- Député
    18- Sa Majesté Paul Tchatchouang- ancien VP Assemblée Nationale, ancien, VP Sénat
    19- Scholastique Major- 3ème VP Sdf
    20- John Kumase – ancien Maire Dla 4ème
    21- Dénis Nkemlemo- ancien secrétaire national à la communication
    22- Emmanuel Yoyo- ancien député/ questeur à l’Assemblée Nationale
    23- Sonkin Étienne- ancien maire de la commune de Dschang, ancien sénateur
  6. 24- Chantal Kambiwa- vice présidente mondiale des femmes socialistes
  7. 25- Jean Tsomelu- Ancien Député, ancien sénateur et ancien président du groupe parlementaire des sénateurs du Sdf, ancien Sg Sdf
  8. 26- Jean Robert Wafo – ancien maire adjoint Douala 2ème, ancien ministre du shadow cabinet en charge de l’information et des médias
  9. 27- Florent Tchangop
  10. 28- Siroma Aboubakar – ancien sénateur
  11. 29- Toko Raphaël
  12. 30- Cyrille Ngnang- Maire Bafoussam 1er
  13. 31- Mouaffo- 1er adjoint Maire Bafoussam
  14. 32- Pr Ndive Kofele Kale, conseiller juridique
  15. 33- Me Mustapha Ngouana, conseiller juridique
  16. 34- Me Tsapy Joseph Lavoisier, conseiller juridique

B. Liste des exclus remontant à 1995

1-Dr.Siga Asanga
2- Mahamat Soulemane
3-Maidadi Saidou Yaya
4-Kwemo Pierre
5- Tazo Acha Charles Asonganyi
6- Ndobegang
7-Elisabeth Tamanjong
8- Dr Nyoh Wakai
9-Pr Clément Ngwasiri
10-Tanjong
11-Akonteh Andrew
12-Mangoh Jones
13-Fon Martin Yembe
14- Aka Amouan
15- Asah Barnabas
16- Kwi Joseph
17- Tasi Ntang
18- Tadonkeng
19- Nso Zamcho
20 Ngam Chia
21- Philips tche.
22- Tche Philips
23- Mr Kago LeLe.
24- Serge Siméon Noumba.
25- Tang Jones
26-Tandap Lucas
27-Tebo
28-Mr Sendze
29-Kum Henry
30- Jua Paulinus
31- Me Bernard Muna
32- Nja kwa
33-Moukouri Manga Bell
34- Tchoua Jean Pierre
34- Monthe
35- Peter Mucho
36- Mouatong Mouatong
37- Ngetcham.
38-Bile
39-Moubi
40- Mouafo Pierre
41- Tabinyang
42-Nkemngu Martin
43-,Margaret Nyah
44-,Nfor Ngala Nfor
45- Sani Alhaji
46-Mme Wanji
47- Vincent Feko
48-Dumbong Ngong
49- Louis Shallo
50- Dr. Samuel Tchwenko
51-Pa Mpafe
52- Chrétien Tabetsing
53-Aboubakar Siddiki
54- Joseph Wirba
55- Tsessue Daniel
56- Kadji Patrice

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