Par René Mbarga
C’est la succession de Paul Biya qui se joue à travers les différentes déclinaisons de l’affaire Martinez Zogo. L’enrichissement illicite et rationnellement injustifié de Jean Pierre Amougou Belinga en est l’une des résultantes.
Bapes Bapes, Ndoumbe Eboulè et les autres
Selon nos informations, c’est en s’appuyant sur une promesse faite dans les années 1980 par le Président de la République Paul Biya lors d’un rite initiatique dans les eaux du Wouri. Qu’il laisserait le pouvoir à un fils du Littoral, que le Ministre d’État Laurent Esso s’est évertué ces dernières décennies à échafauder un plan de conquête du pouvoir en six axes, à savoir :
1)- Briser les carrières administrative voire politique de toutes les personnalités originaires de la même aire géographique. Faire systématiquement le vide autour de lui, afin de succéder le moment venu. Cette politique a eue pour conséquence logique, le monopole quasi atemporel de Laurent Esso et la non éclosion d’autres élites à l’échelle régionale. Les langues se sont d’ailleurs déliées après le décès brutal, dans les conditions suspectes de l’ex diplomate Ndoumbe Eboulè, ex ambassadeur et plénipotentiaire du Cameroun à l’Union Africaine – digne fils du Wouri. – à cela il faut ajouter, l’arrestation spectaculaire de l’ancien ministre des enseignements secondaires, feu Louis Bapes Bapes (Sanaga maritime) et son inculpation par le parquet général du tribunal criminel spécial.
2)- La constitution d’un trésor de guerre. C’est à ce niveau qu’intervient Jean Pierre Amougou Belinga qui est en réalité très stratégique dans ce plan. D’autant plus que, c’est cet homme d’affaires sulfureux qui tient les cordons de la bourse. L’attribution de nombreux marchés spéciaux au concerné jusqu’au niveau de la direction de la sécurité présidentielle procède d’une stratégie savamment orchestrée de maillage, de tous les grands corps de l’État.
Instrumentalisation de l’opération épervier…
3)- Le positionnement des hommes de main au sein de tous les postes stratégiques. Après plus de dix ans au ministère de la justice, la quasi totalité de toutes les têtes couronnées du corps de la magistrature sont des obligés de Laurent Esso qui lui obéissent au doigt et à l’oeil.
4)- Pénétrer le dernier cercle du pouvoir. À travers la direction de la sécurité présidentielle, le clan Esso a une mainmise sur le général de division Ivo Desancio Yenwo, l’un des hommes clés du dispositif sécuritaire de Paul Biya.
5)- En attribuant des marchés évalués à quelques milliards de francs CFA au patron de la Dsp et en s’assurant le versement d’une rente conséquente, une complicité indicible voit le jour. C’est ce qu’on pourrait dénommer ” corruption de l’entourage présidentiel). L’utilisation des moyens du contre-espionnage pour l’assassinat de Martinez Zogo est à inscrire dans ce même registre.
-6)- Et in fine, combattre et détruire tous ceux qui sont fidèles à Paul Biya. C’est ce qui pourrait justifier les poursuites à têtes chercheuses et autres condamnations visant les personnalités telles que le Directeur général du Port autonome de Douala, apparenté au clan de Ferdinand Ngoh Ngoh.