Par Arlette Akoumou Nga
À Yaoundé, la décision des autorités de renforcer le dispositif sécuritaire dans plusieurs quartiers réputés « nordistes » suscite une vague d’indignation. Sur les réseaux sociaux et dans certains milieux politiques, des voix s’élèvent pour dénoncer une mesure
« dangereuse » et « contre-productive ». « En bouclant ces quartiers, on réveille le spectre du 6 avril 1984 »,
s’alarme le politologue Moussa Njoya, en référence à la tentative de coup d’État menée à l’époque par des éléments de la Garde républicaine, majoritairement originaires du Nord.
Le choix d’opérer un tel déploiement un vendredi, jour de prière musulmane, est perçu comme une provocation inutile. Pour de nombreux observateurs, ce type de stratégie sécuritaire risque de transformer une crise politique en conflit identitaire, dans un contexte déjà extrêmement tendu après la présidentielle du 12 octobre.
Depuis l’annonce contestée de la réélection de Paul Biya, plusieurs villes du Cameroun connaissent une forte présence militaire. Les partisans d’Issa Tchiroma Bakary dénoncent une
« répression ciblée » tandis que les autorités évoquent des « mesures préventives »
destinées à éviter tout débordement. Le souvenir du putsch manqué d’avril 1984, encore vivace, alimente aujourd’hui les inquiétudes d’une fracture communautaire au sein du pays.
