Par Mon’Esse
Le Cameroun figure dans la liste des pays dont l’administration Trump envisage d’imposer des restrictions drastiques de voyage vers les Etats-Unis, selon une note interne du Département d’Etat consultée par Reuters.
Yaoundé, dont le dirigeant Paul Biya totalise plus de 42 ans de pouvoir, n’en sera pas à sa première mésaventure, dans ses rapports récents avec le pays de l’oncle Sam, en particulier sous un président déjà en poste entre 2017 et 2021.
C’est sous Donald Trump, en effet, que la Cameroun a, en fin octobre 2019, été exclu du régime de l’African Growth Opportunities Act (Agoa), dont les échanges s‘élevaient alors à quelque 212 milliards de francs CFA (plus de 360 millions de dollars).
«Le Cameroun n’a pas répondu à nos préoccupations concernant les violations persistantes des droits de l’homme commises par ses forces de sécurité. Ces violations comprennent les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires et illégales et la torture»,
déclarait alors le chef de l’exécutif américain.
Il s’agissait ici d’une allusion aux bavures (exécutions sommaires, tortures, etc.) attribuées aux forces de sécurité camerounaises par des ONG, dans le cadre de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, mais aussi dans les combats contre des séparatistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
En février d’avant, note-t-on, les États-Unis avaient déjà décidé du gel des accords de coopération, et de la réduction de l’aide militaire à Yaoundé, évaluée à près de 17 millions de dollars (environ 10 milliards de francs Cfa).
Cet appui, selon des sources proches du dossier, devait être dédié à la formation des forces de l’ordre camerounaises, à l’achat de radars, de neuf véhicules blindés ou encore de patrouilleurs.
Dans le même temps, Yaoundé était déclassifié du programme de partenariat d’Etat auquel il était candidat, et qui prône la coopération en matière de sécurité associant l’armée américaine à des pays hôtes.
En mai 2018, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, Peter Henry Barlerin avait, au lendemain d’un entretien avec Paul Biya, publié un communiqué dans lequel il disait avoir
«suggéré au président qu’il devrait réfléchir à son héritage et à comment il veut que l’on se souvienne de lui dans les livres d’histoire».
Criant à une immixtion dans les affaires internes du pays, le gouvernement camerounais avait convoqué le diplomate pour lui faire part de sa «vive désapprobation».