Par Sandra Embollo
Des dizaines de milliers de militants anti-avortement ont défilé, vendredi 24 janvier, à Washington pour une manifestation annuelle, organisée moins d’une semaine après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. La 52e édition de cette Marche pour la vie a lieu au lendemain de la grâce accordée par le nouveau président républicain à 23 personnes qui ont participé à des manifestations contre l’avortement et qui étaient poursuivies sous l’administration du démocrate Joe Biden.
En déplacement en Caroline du Nord et en Californie vendredi, Donald Trump s’est adressé aux manifestants par le biais d’un message vidéo enregistré. « Lors de mon second mandat, nous nous battrons à nouveau fièrement pour les familles et pour la vie », a-t-il déclaré dans sa vidéo aux manifestants.
« Nous protégerons les acquis historiques que nous avons obtenus et nous mettrons un terme aux efforts des extrémistes démocrates qui veulent un droit fédéral à l’avortement sans limites et à la demande, jusqu’à la naissance et même après la naissance », a lancé vendredi Donald Trump aux manifestants, en répétant que ses opposants étaient favorables à l’exécution de bébés après la naissance, une affirmation infondée. Le président américain a aussi abrogé, vendredi, deux décrets pris par son prédécesseur démocrate Joe Biden en 2022, quand la Cour suprême des Etats-Unis est revenue sur la protection fédérale du droit à l’avortement, qui visaient à protéger certains accès à la santé reproductive des femmes.
Son chef de la diplomatie a, dans le même temps, ordonné l’arrêt de toute subvention publique américaine en faveur de l’avortement à l’étranger et décidé de rejoindre une déclaration internationale s’opposant au droit à l’avortement initiée lors du premier mandat de Donald Trump.
« Changer la culture pour finir par rendre l’avortement inconcevable »
A Washington, J. D. Vance, le vice-président américain, et Mike Johnson, le président de la Chambre des représentants, ont pris la parole devant les manifestants. Des membres du groupe américain suprémaciste blanc et néonazi Patriot Front ont été identifiés au milieu du défilé brandissant drapeaux et images religieuses. Les organisateurs de cette marche expliquent que leur objectif est non seulement de changer les lois, fédérales et étatiques, « mais aussi de changer la culture pour finir par rendre l’avortement inconcevable ».
Dans le cortège qui a défilé de la Maison Blanche jusqu’à la Cour suprême et au Capitole, siège du Congrès américain, des pancartes « Aimons les petits êtres », « On ne se joue pas de Dieu », ou encore « La vie est notre révolution » étaient brandies. Quelques casquettes du mouvement trumpiste « Make America Great Again » étaient aussi visibles mais la plupart des participants n’arboraient pas de signe d’appartenance politique. Aux Etats-Unis, le mouvement pro-vie a enregistré une victoire historique en juin 2022, quand la Cour suprême américaine a annulé l’arrêt Roe vs Wade, qui protégeait l’accès à l’avortement au niveau fédéral. Donald Trump, qui lors de son premier mandat a nommé trois juges conservateurs à la Cour suprême, se félicite souvent d’avoir contribué à la fin de la garantie constitutionnelle du droit à l’avortement. A la suite de ce revirement de jurisprudence, de nombreux Etats conservateurs ont interdit ou très sévèrement limité le recours aux interruptions volontaires de grossesse. Aujourd’hui, près d’une Américaine sur trois ayant entre 18 et 44 ans vit dans un de ces Etats. Des milliers d’Américaines sont ainsi forcées d’entreprendre des voyages pénibles et coûteux pour avorter.