Par Sandra Embollo
Le président français Emmanuel Macron a évoqué, vendredi 23 juin, un “consensus complet” pour “réformer en profondeur” le système financier mondial, afin de le rendre “plus efficace, plus équitable”, en clôture du sommet de Paris dédié à la lutte contre la pauvreté et le changement climatique. “Il faut commencer le travail dès maintenant” pour le rendre aussi “plus adapté au monde d’aujourd’hui”, a ajouté le chef de l’État en annonçant une “réunion de suivi” à Paris dans deux ans sur ce “nouveau consensus”.
Après deux jours de réunions en présence d’une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement, le président a fait la liste des avancées. Parmi elles, la restructuration de la dette de la Zambie, et l’objectif désormais atteint en termes de réallocation aux pays pauvres de 100 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS), sorte de monnaie de réserve du Fonds monétaire international, pouvant servir pour le développement et la transition climatique.
Il a aussi réaffirmé que la promesse faite en 2009 par les pays riches de débloquer 100 milliards de dollars par an à partir de 2020 pour aider les pays pauvres face au réchauffement devrait enfin être tenue cette année, en retard. Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué, de manière vague, “une clause de dette résistante au climat”, censée permettre la suspension des remboursements en cas de “catastrophe” naturelle, sans préciser quels pays ou organisations la mettraient en œuvre.
Le président français avait appelé à une “mobilisation” pour mettre en place des taxations internationales sur les transactions financières, les billets d’avion et le transport maritime afin de financer la lutte pour le climat et contre la pauvreté.
“Le secteur du transport maritime n’est pas du tout taxé, c’est un des seuls”, a-t-il remarqué dans un entretien accordé à plusieurs médias, avant une photo de famille Nord-Sud. Le président de la COP28, le très scruté patron de la compagnie pétrolière des Émirats arabes unis, Sultan al-Jaber, a lui-même averti que le problème était toutefois loin d’être résolu. Évoquant les annonces de la veille, il a estimé vendredi que ce n’étaient que “des pansements, des antidouleurs face à un problème qui nécessite une opération majeure”.
Les ambitions du sommet “reposent trop sur les investissements privés et assignent un rôle démesuré aux banques multilatérales de développement”, regrette Harjeet Singh, de l’immense réseau d’Ong internationales Climate Action Network (Can). “C’est ignorer le rôle pivot que les finances publiques doivent jouer”.
Avec l’ambition d’avoir posé de nouvelles bases pour les prochains rendez-vous internationaux, notamment celui du G20 en septembre à New Delhi ou à la COP28 à Dubaï, les rencontres de vendredi se tiennent aussi sous la pression d’une manifestation à Paris appelant à ne plus financer les combustibles fossiles.
Jeudi soir, le grand concert pour le climat a réuni devant la Tour Eiffel des artistes comme Lenny Kravitz ou Bille Eilish, ainsi que le président brésilien Lula.
“Ceux qui ont réellement pollué la planète pendant les 200 dernières années sont ceux qui ont fait la révolution industrielle”, a lancé ce dernier, applaudi comme une rockstar. “C’est pour cela qu’ils doivent payer la dette historique qu’ils ont envers la planète”.