Par Arlette Akoumou Nga
Que s’est-il passé exactement à l’intérieur du cockpit du vol 171 d’Air India, le 12 juin dernier ? Selon un enregistrement du dialogue entre le pilote et son copilote, le premier a coupé volontairement l’alimentation en carburant des moteurs de l’avion, qui a entraîné la chute de l’appareil, révèle le Wall Street Journal, ce jeudi, citant des sources proches de l’enquête. Ce jour-là, le Boeing 787-8 Dreamliner d’Air India s’est écrasé quelques minutes après son décollage d’Ahmedabad, en Inde, tuant 260 personnes. Samedi, un rapport préliminaire du Bureau indien d’enquête sur les accidents aériens (AAIB) a révélé que les interrupteurs d’alimentation en carburant des deux moteurs se sont mis en position « arrêt » peu avant l’impact et peu après le décollage.
Le commandant de bord « calme »
Le rapport préliminaire cite notamment l’enregistreur de voix du cockpit dans lequel on entend un des pilotes demander à l’autre pourquoi il a coupé le carburant, avant que le second pilote ne réponde qu’il ne l’a pas fait. Néanmoins, les premiers éléments de l’enquête communiqués ne précisaient pas qui de Sumeet Sabharwal, le commandant de bord de 56 ans, ou de Clive Kunder, le copilote de 32 ans, avait éteint les interrupteurs d’alimentation. Selon de nouveaux éléments, cités par le Wall Street Journal, les enquêteurs sont parvenus à identifier les voix et à déterminer que c’est Clive Kunder qui demande à Sumeet Sabharwal pourquoi il a coupé les interrupteurs d’alimentation en carburant des deux moteurs. Selon l’enregistrement, Clive Kunder exprime d’abord « sa surprise », avant de « paniquer », tandis que Sumeet Sabharwa, lui, semble « garder son calme », précise nos confrères du Wall Street Journal.
D’autant que, selon ce second rapport, Clive Kunder était aux commandes lors du décollage et avait donc « les mains pleines » à ce stade du vol. À l’inverse, Sumeet Sabharwal, qui « supervisait l’opération », était « plus susceptible d’avoir les mains libres » pendant le décollage.
« Juste un vol ou deux… Après, je m’occupe de papa »
Si les premiers éléments de l’enquête ne permettent pas de tirer des conclusions sur les causes du crash du vol Air India, le rapport préliminaire indique que les investigations n’ont révélé aucun défaut mécanique ou de maintenance. Reste alors l’hypothèse d’une erreur humaine, qu’elle soit accidentelle ou non.
Selon un article publié par The Sun, lundi, le commandant de bord, Sumeet Sabharwal, souffrait de dépression depuis le décès de sa mère il y a quelques années. « Il avait pris du recul par rapport à ses vols au cours des trois ou quatre dernières années », a confié au tabloïd un ancien pilote instructeur du Boeing 737. Le commandant de bord prévoyait notamment d’arrêter pour s’occuper de son père de 92 ans. « Juste un vol ou deux… Après, je m’occupe de papa », a expliqué l’une de ses proches au Times of India.
Néanmoins, le Pdg d’Air India, Campbell Wilson, a appelé à ne pas tirer de conclusions hâtives sur les causes du crash, affirmant que l’enquête était « loin d’être terminée ». Le commandant de bord et le copilote étaient tous les deux originaires de Mumbai. Ils avaient été déclarés aptes au service et étaient suffisamment reposés avant le décollage de l’aéroport d’Ahmedabad le 12 juin, selon un rapport provisoire publié par le Bureau d’enquête sur les accidents d’aviation (AAIB). À 56 ans, Sumeet Sabharwal présentait le profil d’un pilote chevronné avec plus de 15 600 heures de vol à son actif, dont plus de la moitié sur le 787 Dreamliner. L’homme qui envisageait donc de prendre sa retraite était titulaire d’une licence de pilote de ligne (Atpl), le plus haut niveau de certification, délivrée en mai 2021 et valable jusqu’en 2026.
