Par Mon’Esse
La ministre camerounaise en charge de l’Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès, a voici peu annoncé la fin du chantier d’aménagement du Lac municipal de Yaoundé, la capitale du pays, où depuis 2021 est pourtant annoncée la construction d’un hôtel 5 étoiles.
«L’ensemble des travaux réalisés pour la phase 1 du projet de valorisation touristique et économique du Lac municipal de Yaoundé et la rénovation de la vallée de la Mingoa rendue à son terme, ont indiqué les services de ce département. En cette phase 1, les abords du lac municipal sont complètement aménagés, les eaux sont assainies, et les populations pourront bientôt mener des activités nautiques, faire des promenades, et prendre place dans les restaurants modernes qui y sont construits. Un projet qui s’inscrit dans le vaste programme de modernisation des villes prôné par le chef de l’Etat.»
Ainsi, apprend-on, sur le site réaménagé a été construit un restaurant moderne, aux abords des eaux d’un lac assainies et d’allées piétonnes bitumées.
C’est sur le même site, rappelle-t-on que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, avait le 24 juin 2021 présidé la cérémonie de pose de la première pierre du projet de construction d’un complexe hôtelier et touristique baptisé «Hôtel du Grand lac», dont la maquette présentait trois bâtiments de 30 étages avec plusieurs salles de réunions et de conférences, plus de 300 chambres et des parkings de quelque 540 places.
L’ouvrage de 3 tours devait être livré au bout de 36 mois. «La construction très attendue de ce complexe hôtelier ultra-moderne, luxueux et touristique, (…) intervient dans le cadre de la mise en œuvre du contrat de bail emphytéotique conclu entre l’État du Cameroun, représenté par le ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires fonciers, et l’International Infrastructure Development Group (Iidg), sur un terrain relevant du domaine privé de l’État, sis au lieu-dit Lac municipal», précisait alors un communiqué du Mindcaf, Henri Eyebe Ayissi.
Le 10 septembre 2019, note-t-on, le même membre du gouvernement signait une convention de partenariat avec le consortium belge Iidg/Hôtel Group pour ce projet estimé à 80 milliards de francs, et ce n’était pas la première fois qu’une annonce concrète était faite sur l’hôtel du Lac, appelé à accueillir certains hôtes de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de football alors prévue la même année.
Déjà, en septembre 2016, le gouvernement camerounais et la Deutsche Bank avaient signé une série de conventions pour le financement de la contrepartie locale, adossée au crédit-acheteur, du projet de valorisation touristique et économique du lac municipal de Yaoundé pour un montant total de 7,3 milliards de francs, et on s’était alors empressé de raser les habitats coloniaux sis au même endroit.
Lesdites conventions, expliquait alors le ministre de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Louis Paul Motaze, constituaient la première phase devant permettre de dépolluer le site, de construire un hôtel de classe internationale, et, dans la deuxième phase, d’aménager toute la vallée de Mingoua, qui n’abrite désormais qu’un restaurant.
Début mars 2015, ce projet multisectoriel avait déjà amené le président Paul Biya à habiliter le même ministre à signer, avec la Deutsche Bank SAE et la Deutsche Bank AG, deux accords de prêt d’un peu plus de 201,5 milliards de francs dédiés à l’épuration des eaux, aux travaux de terrassement, à la construction d’un restaurant et d’un hôtel 5 étoiles ainsi qu’à l’érection de centres commerciaux et de parcs de loisirs.
Les travaux d’aménagement de ce site, alors confiés à un groupement d’entreprises espagnoles, devraient prendre fin en 2018 et générer 5000 emplois directs et indirects.
On rappelle que le Lac municipal de Yaoundé, à l’abandon depuis plus de trois décennies en dépit de tentatives de restauration, doit son premier aménagement en 1952 grâce au citoyen grec Kyriakides, qui en fit l’un des lieux de loisirs les plus fréquentés de la capitale jusqu’à la fin de la décennie 80.