Par Sandra Embollo
Il était 23 heures dans la nuit de vendredi à samedi 17 juin lorsque les assaillants ont attaqué ce lycée, lieu symbolique, mis le feu aux bâtiments, notamment au dortoir, et pillé un magasin de nourriture. Une attaque coordonnée, de grande ampleur, a indiqué l’armée. La majorité des victimes sont des étudiants de 16 ans et plus. Le général ougandais Dick Olum, commandant de forces qui combattent les Adf, explique : « Les étudiants ont essayé de combattre les rebelles, mais ils ont été submergés. Ils ont tué des étudiantes à coup de machette et en ont enlevé d’autres. Nous avons envoyé des avions pour rechercher les étudiants enlevés afin d’essayer de les secourir. »
C’est le lycée Lhubiriha, à Mpondwe, près de Bwera (district de Kasese) qui a été attaqué : le dortoir des garçons a été incendié et un magasin de nourriture pillé. Les jeunes filles ont, elles, été attaquées à l’arme blanche, précisent les forces de sécurité. Les corps des victimes, pour certaines difficilement identifiables, ont été transportés à la morgue de l’hôpital de Bwera a indiqué le porte-parole des Forces de défense du peuple ougandais (Updf), Felix Kulayigye. Des blessés ont été transférés à l’hôpital dans un « état critique » a déclaré le porte-parole de la police.
Le responsable gouvernemental de la zone a précisé « qu’un certain nombre d’étudiants sont toujours portés disparus », visiblement enlevés par les assaillants.
Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la République démocratique du Congo, où les Adf sont également actives et accusées d’avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990. Les Adf se sont repliées au niveau du parc national des Virunga, l’une de leurs bases, à la frontière entre l’Ouganda, le Rwanda et la Rdc.
L’armée a donc mis en place des missions de poursuites en direction du parc des Virunga. Reagan Miviri de l’Institut congolais de recherche Ebuteli, les Adf, qui ont fait allégeance au groupe État islamique, restent aujourd’hui la menace la plus importante pour toute la sous-région.
« Je pense que c’est ce qu’ils veulent faire passer, qu’ils ont encore cette capacité-là de faire mal et on sait tous que quand ce sont des massacres ça marque les esprits pour montrer qu’ils restent une menace en fait, et pour la RDC et pour l’Ouganda ».
explique-t-il.
L’attaque des Adf contre ce lycée est la plus meurtrière de ces dernières années. Notamment, car au moment de leur fuite les combattants ont déclenché une bombe, l’explosion a fait fait de nombreuses victimes. Ce n’est pas la première fois que cette milice, qui a fait allégeance à l’État islamique en 2019, attaque un groupe scolaire. En 1998, 80 étudiants ont été brûlés vifs à Kichwamba et une centaine d’autres enlevés.
Depuis 2021, l’Ouganda et la Rdc ont lancé une offensive commune pour chasser les Adf de leurs bastions, des opérations qui n’ont pas permis pour le moment de mettre fin aux attaques du groupe armé. En janvier dernier, au moins 24 civils ont été tués et une dizaine d’autres kidnappés dans une nouvelle attaque attribuée aux Forces démocratiques alliés (Adf) dans le territoire de Beni, en Rdc.
En mars dernier, les États-Unis ont promis une récompense de 5 millions de dollars pour toute information qui permettrait de mener au chef des Adf, l’Ougandais Masu Baluku.