Par Sandra Embollo
“Pita ne peut pas être nommé deux fois au cours de cette session parlementaire », en vertu de l’article 41 du réglement de l’Assemblée, a déclaré le président, à l’issue d’un vote des deux chambres.
Pita ne peut donc pas se présenter une deuxième fois. Peu avant ce vote inattendu, Pita a quitté l’hémicycle sous les applaudissements, le poing levé et en disant « je reviendrai ». Sa sortie ressemble toutefois à une fin de partie pour la coqueluche de la jeunesse, qui avait massivement voté pour son parti Move Forward.
Devant l’assemblée à Bangkok, des centaines de manifestants se sont rassemblés pour réclamer que leurs voix soient entendues par élus. Ils sont en colère et inquiets comme Tole Manuchai est professeur des écoles à Bangkok : pour lui, toutes ces procédures sont autant de manigances de l’opposition pro militaire. « Pour moi, c’est clair, ils essaient de gagner du temps pour retarder u maximum le moment où le gouvernement d’alternance arrivera au pouvoir, au mépris du résultat du vote du peuple thaïlandais, qui a donné un mandat clair à Pita…Tout ça soit disant au nom de la loi… Franchement je suis très inquiet de vivre dans un pays où la loi et le judiciaire peuvent être instrumentalisés ainsi… »
Ces manœuvres politico-judiciaires de la part des élites pro militaires pourraient avoir un coût très lourd pour la stabilité du pays. La jeunesse thailandaise qui a voté en masse pour Pita et son parti promet déjà de descendre dans la rue si le vote populaire n’est pas respecté.
Car le jeune dirigeant, qui avait en effet réussi à former une coalition majoritaire de huit partis, est aujourd’hui bloqué aux portes du pouvoir. De toute façon il avait très peu de chances de gagner le vote parlementaire, après un premier échec. Il lui manquait les voix d’une cinquantaine de sénateurs supplémentaires sur les 250 – or, les sénateurs sont tous fidèles à l’armée qui tire les ficelles en coulisses.
Le scénario le plus probable, est que la deuxième force politique de cette alliance, le Pheu Thai, tente sa chance avec un candidat plus consensuel, qui pourrait être l’homme d’affaires Srettha Thavisin.