Par Arlette Akoumou Nga
Parmi les personnes perquisitionnées se trouvait la porte-parole de Last Generation, Carla Hinrichs, dont la porte a été enfoncée par des policiers armés alors qu’elle était au lit, a indiqué le groupe. Depuis des mois, Last Generation perturbe le trafic dans les villes allemandes.
Le chancelier Olaf Scholz a qualifié leur campagne de “complètement folle”. Pendant des semaines en Allemagne, il y a eu une guerre culturelle féroce pour savoir si Last Generation peut être légalement définie comme une organisation criminelle.
Les députés conservateurs ont exigé des sanctions plus sévères, y compris des peines de prison, tandis que la gauche a mis en garde contre une dangereuse répression autoritaire. Quelque 170 policiers ont participé aux perquisitions de mercredi dans des appartements et autres bâtiments à Berlin, Bavière, Dresde, Hambourg et ailleurs, fermant le site Web du groupe et gelant deux comptes. L’appartement de Mme Hinrichs dans le quartier berlinois de Kreuzberg a été pris pour cible mercredi à 07h00 par 25 policiers armés, ont indiqué ses collègues.
Aucune arrestation n’a été signalée, mais sept personnes âgées de 22 à 38 ans sont soupçonnées d’avoir organisé une campagne visant à collecter au moins 1,4 million d’euros (1,2 million de livres sterling) de financement principalement pour financer “d’autres actes criminels”. La police et les procureurs ont déclaré que les raids visaient à établir la structure d’adhésion de Last Generation. Deux des militants faisant l’objet d’une enquête sont soupçonnés d’avoir tenté de saboter un oléoduc traversant les Alpes de la côte italienne à Trieste jusqu’à Ingolstadt l’année dernière.
À Berlin, les militants de la dernière génération ont un impact. Les routes bloquées par des militants sont devenues une caractéristique régulière des informations routières diffusées à la radio. Les ménages ont reçu des dépliants invitant les habitants à des événements d’information ou de formation de dernière génération. La semaine dernière, 12 rues ont été bloquées dans la ville alors que les militants se collaient à la route ou aux voitures. Mais ces sit-in de rue ont poussé certains automobilistes à se déchaîner. D’innombrables vidéos sur les réseaux sociaux montrent des conducteurs indignés criant après les militants.
Dans les sondages, la plupart des Allemands ne sont pas d’accord avec la tactique du groupe. Dans une enquête réalisée par le magazine de gauche Der Spiegel ce mois-ci, 79% des personnes interrogées ont déclaré que les actions du groupe étaient mauvaises, avec seulement 16% d’accord avec les militants. Mais cela ne signifie pas non plus que tous les Allemands soutiennent une répression.
De nombreux politiciens de gauche et verts ainsi que des commentateurs disent qu’ils ne sont pas d’accord avec les tactiques du groupe parce qu’elles font enrager les gens plutôt que de les gagner à l’environnementalisme. Mais ils soutiennent que les militants devraient toujours avoir le droit de faire campagne pacifiquement.
Last Generation a critiqué les raids de mercredi en utilisant la citation “complètement folle” du chancelier, VölligBekloppt, comme hashtag, demandant quand les autorités rechercheraient plutôt “les structures de lobbying et confisqueraient les fonds fossiles du gouvernement”. Un autre groupe d’action pour le climat, Ende Gelände, s’est plaint que les raids visaient des personnes cherchant à « sonner l’alarme sur la crise climatique plutôt que ceux qui en sont responsables ».
Last Generation a déclaré qu’il poursuivrait ses activités et certains partisans en ligne ont suggéré que les raids galvaniseraient le soutien à leur campagne. La réponse de la police a été bien accueillie par les conservateurs, ainsi que par certains politiciens des deux partis au pouvoir, le Fdp et le centre-gauche Spd. Certains politiciens verts ont déclaré qu’ils n’étaient pas d’accord avec les actions radicales du groupe, mais ils ont suggéré que les raids étaient peut-être trop lourds.
Des groupes de gauche et écologistes ont annoncé une marche à Berlin mercredi après-midi avec de nouvelles manifestations à Leipzig, Munich et Potsdam. Greenpeace et des politiciens du parti de gauche Linke ont qualifié les raids de “nouveau niveau d’escalade” de la police qui a sapé le droit démocratique fondamental de manifester. Last Generation fait campagne pour une limitation de vitesse sur les autoroutes à 100 km/h (62 mph).
Il a joué un rôle clé dans les manifestations contre l’expansion d’une mine de charbon à ciel ouvert dans le village de Lützerath en janvier, où la militante Greta Thunberg a été brièvement détenue. En octobre dernier, deux militants ont jeté de la purée de pommes de terre sur un tableau de Claude Monet dans un musée de Potsdam près de Berlin, puis se sont collés à un mur, une action qui a reflété des manifestations similaires au Royaume-Uni par le groupe d’action pour le climat Just Stop Oil.
La dernière génération ne se limite pas à l’Allemagne. Deux militants se sont collés mercredi devant le parlement autrichien à Vienne, défiant l’interdiction de manifester devant le bâtiment. En Italie, trois militants italiens devaient comparaître mercredi au tribunal pour s’être collés à une sculpture du musée du Vatican datant de l’époque romaine en août dernier. Des militants appartenant au groupe avaient également coloré en noir la fontaine de Trevi à Rome en guise de déclaration contre les combustibles fossiles
