Par Sandra Embollo
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a été réélu dimanche pour un septième mandat de cinq ans avec 87,6% des voix, indique un sondage réalisé à la sortie des urnes publié par la télévision publique. La commission électorale a annoncé un taux de participation de 81,5%, sur les 6,9 millions de citoyens appelés aux urnes. L’opposition en exil a dénoncé « une farce » dans un scrutin sans suspense, qualifiant le dirigeant de « criminel » et exigeant la libération de tous les prisonniers politiques.
Au cours de la journée de vote, le président biélorusse, proche allié de Moscou, a qualifié son pays de « démocratie brutale » après avoir voté « Nous avons une démocratie brutale au Bélarus », a-t-il dit à des journalistes, ajoutant que les prisonniers politiques détenus dans le pays pouvaient solliciter une grâce, mais excluant tout dialogue avec l’opposition en exil. Il a appelé ceux qui ont participé aux manifestations de 2020 à se repentir. Il a reconnu que ces manifestants avaient été exclus de certains emplois, affirmant qu’une nouvelle « chance » leur serait octroyée s’ils reconnaissent « qu’ils ont eu tort », ajoutant : « nous ne poursuivrons pas tout le monde, mais nous les surveillons ».
Certains sont en prison, certains sont en exil… C’est le droit de choisir. C’est démocratique. Et nous, nous n’avons expulsé personne du pays. Plus que ça, notre pays est très ouvert et comme je l’ai déjà dit probablement cinq fois, nous ne sommes pas vindicatifs, ni méchants. Chacun choisit son destin. Si on parle de prison, il s’agit de quelqu un qui a ouvert trop grand sa bouche, pour dire les choses de manière directe, et donc de quelqu un qui a contrevenu à la loi Quant à savoir si ces élections seront reconnues ou non au sein de l’Union européenne ? Eh bien, c’est une question de goût, croyez-moi. Peu importe que ces élections soient reconnues ou non. L’essentiel pour moi est que les Biélorusses les reconnaissent et qu’elles se terminent dans le calme, comme elles ont commencé.
Un scrutin non démocratique, juge les États-Unis et l’Union européenne
Les États-Unis et l’Union européenne ont dénoncé avant l’annonce du résultat un scrutin non démocratique en raison de l’interdiction des médias indépendants en Biélorussie et de l’emprisonnement ou de l’exil des principales personnalités de l’opposition.
L’Union européenne « continuera à imposer des mesures restrictives et ciblées contre le régime » d’Alexandre Loukachenko après la « mascarade » que constitue l’élection présidentielle en Biélorussie, a souligné la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas dimanche. « La démocratie exige des élections libres, équitables et transparentes […] Ce n’est pas le cas en Biélorussie ».
a-t-elle estimé.
La cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a déclaré dimanche que les électeurs en Biélorussie n’avaient « pas de choix […] Au lieu d’élections libres [et] équitables et d’une vie sans peur (ni) arbitraire, ils subissent quotidiennement l’oppression, la répression [et] les violations des droits de l’homme ».
a déclaré Mme Baerbock dans un communiqué publié sur BlueSky.
Alexandre Loukachenko n’a « aucun regret » d’avoir laissé la Russie utiliser la Biélorussie pour l’invasion en Ukraine
Lors d’une conférence de presse donnée après avoir voté, Alexandre Loukachenko s’est aussi exprimé sur la guerre en Ukraine. Ce conflit, il le voit se terminer « d’ici à la fin de l’année 2025 ». Lui qui dirige le pays depuis 30 ans a aussi prêté son territoire aux forces russes en février 2022 pour envahir l’Ukraine et n’en a aucun regret.
« Je ne regrette rien, rien du tout. Je ne suis pas en guerre. Je ne me suis pas impliqué dans la guerre et je n’ai pas impliqué mon pays. Mais oui, nous aidons la Russie », a-t-il soutenu. « Quand les Occidentaux me reprochent quelque chose, je leur dis “vous avez 57 pays qui aident l’Ukraine”, et moi, je suis seul. Un seul pays. Mais qu’est-ce que je peux vraiment faire ? et de quel type d’aide parle-t-on ? J’aide la Russie, honnêtement, franchement, je ne le nie pas, je ne l’ai pas refusé. »
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La définition de la démocratie reste une question de développement politique de chaque pays.