Par Léopold DASSI NDJIDJOU
Invitée par Médias, médiations et citoyenneté (2Mc) dans le cadre de la 5ème édition des Journées citoyennes de la presse, le maire de la commune de Foumban a défrayé la chronique avec le concept « médias situé ».
« A l’Union Démocratique du Cameroun, dans notre lexicologie, le mot situé désigne l’état d’un acteur, d’un système qui se complaît dans son environnement. Il est saturé et ne peut plus se remettre en cause, fonctionnant de manière mécanique, automatique. Il est agi le plus souvent et pour mieux le dire, il est sous l’emprise d’un plafond de verre auto construit avec le système. A l’Udc, un militant ou un élu situé est celui-là qui pense qu’il est déjà arrivé, qu’il a des acquis et que de ce fait, il ne doit plus se remettre en cause. Il œuvre par conséquent pour que le statu quo demeure car il en tire un gain personnel et égoïste »,
a-t-elle d’entame indiqué avant de préciser comment cette presse participe à la déconstruction de la démocratie.
En réalité, le sujet de sa réflexion portait sur « les médias situés et démocratie en panne ».
Tout en remerciant les organisateurs d’avoir accepté qu’elle expose sur cette thématique, elle a poursuivi dans son analyse en montrant le lien corrosif entre les deux concepts : médias et démocratie. Elle va dans la foulée souligner qu’il est question
« de faire un brin de lumière sur le lien fielleux entre la presse et la construction/déconstruction de la démocratie dans notre pays ».
Par sa posture au quotidien, confie-t-elle, la presse située, œuvre pour la préservation de ses intérêts, qu’importe si elle foule aux pieds les principes cardinaux qui encadrent l’exercice de la profession. Comprenons-nous bien, prévient-elle, partout dans le monde entier il existe une presse gouvernementale tout comme il existe une presse proche de ceux qui ne sont pas aux affaires. C’est la ligne éditoriale.
« Là n’est pas le problème, il se situe au niveau de la déontologie. La presse située serait prompte à tordre le cou à toutes les règles juste pour satisfaire un gain personnel, égoïste. Le média situé n’a que faire de la bonne marche de la société dans sa globalité, de la démocratie, de la bonne gouvernance ou de la justice dans son ensemble. C’est une presse à gage, des maîtres chanteurs, des mercenaires qui poursuivent de manière éhontée un gain sordide. La presse située est un cancer pour la démocratie de manière globale »,
conclut-elle in extenso.
A l’heure des échanges avec l’auditoire dont une frange importante vient de l’Ecole supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic), elle a réitéré qu’elle place l’être humain au cœur de sa politique. De ce fait a-t-elle renchéri, le parti qu’elle dirige ne saurait tolérer quelconque dérive allant dans le sens de la propagation des discours de haine.
Cette dérive trouve de toute évidence sa place dans les contenus des médias situés selon elle, parce qu’ils sont prêts à tout pour assouvir leurs intérêts. Elle a dans ce sens interrogé la presse dans son ensemble de ce qu’elle fait pour la manifestation de la vérité dans l’affaire Martinez Zogo, de ce qu’elle fait quand régulièrement les lois de la République sont violées par les acteurs sociaux.
Pour finir, elle a fait savoir que chaque société est à l’image de sa presse. Là où les médias sont engagés dans la défense des intérêts de la collectivité, la société toute entière s’en trouve mieux. Il faut rappeler par ailleurs que le thème de cette 5ème édition portait sur
« les Médias, entrepreneures politiques et discours de haine: quelles responsabilités ? ».
Ce concept de médias situés va certainement animer les débats dans les rédactions des organes de presse, grincer les dents ou faire rire car le retour à l’orthodoxie souhaitée est une sorte d’enfantement douloureux.
