Accueil » Cameroun > 92ème anniversaire de Paul Biya: Le miroir aux alouettes du Phénix ou du sphinx

Cameroun > 92ème anniversaire de Paul Biya: Le miroir aux alouettes du Phénix ou du sphinx

Au moment où le chef de l’Etat camerounais est en plein dans la dernière décade de son centenaire de vie, en ce 13 février de son anniversaire, l’insaisissable homme politique garde intacte sa prédilection à se déployer sous les fumigènes.

by world top news
0 comments

Par Léopold DASSI NDJIDJOU

Qui est Paul Biya, l’homme aux affaires à la tête de l’Etat camerounais sans discontinuer depuis 1982 ? N’allez pas chercher dans les bibliothèques quelques témoignages venant de lui, sur sa biographie politique ou sur son secret de conservation du pouvoir. Quand il le veut ou quand il désire darder une pique à l’endroit de son homologue français, François Hollande en l’occurrence, à l’occasion de la visite d’Etat au Cameroun en juillet 2015. « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut », frappait-il. Qui est-il réellement ? Omar Bongo qui dansait et chantait avec ses militants lors des campagnes politiques confiait ne l’avoir jamais vu esquisser un seul pas de danse avec les siens. L’homme est froid, taiseux, et distille rarement ses paroles comme le font les dieux. Les rumeurs font état de ce qu’il n’a pas d’amis réels connus, qu’il vit dans un monde inaccessible et que tout ce qui est dit de lui, relève le plus souvent du pure fantasme. Il faut être Paul Biya pour effectuer une campagne présidentielle de quelques heures à Maroua en 2018 et remporter au bout de compte la victoire.

Depuis le gouvernement Joseph Dion Ngute du 4 janvier 2019, il ne s’est pas encore affiché avec cette équipe. Combien d’entre cette soixantaine de membres du gouvernement l’ont déjà rencontré ou combien d’entre eux sont connus de lui ? C’est une question qui expose toute la distance qu’entretient le numéro un camerounais vis-à-vis de ses proches collaborateurs. Il tient tout monde à une dizaine de marches en dessous et tient seul le haut du pavé où il contemple comme un dieu l’étendue infinie de l’azur. Avec Paul Biya, la seule chose qu’on sache exactement de lui est qu’il n’aime pas que son jeu soit à découvert. C’est encore frais dans les mémoires, que lors de son message des vœux à la Nation le 31 décembre dernier, il a laissé entrevoir la possibilité d’une huitième candidature à sa propre succession, le tollé que cela a suscité au sein du clergé, l’a visiblement pris de cours au point où il a confié qu’il n’appartient aux évêques de valider ou d’invalider une candidature, mais la loi. C’est dit ! Il a récidivé, toujours en sous-marin, lors de son message à la jeunesse le 10 février dernier en la rassurant qu’il sera toujours à leur côté pour les défis auxquels elle est confrontée. C’est désormais clair comme l’eau de roche même si du côté du gouvernement on jure les grands dieux qu’il n’a pas encore annoncé sa candidature.

L’autre côté insaisissable de Paul Biya tient à son goût immodéré d’entretenir l’incertitude dans l’aménagement de son pouvoir et en partant de la gestion légale et institutionnelle d’un éventuel intérim au sommet de l’Etat. C’est connu, le successeur intérimaire de Paul Biya en cas de couac au sommet de l’Etat, est le président du sénat qui est dans une situation de santé préoccupante. C’est dire un vide qu’affectionne le président de la République dans son déploiement, les lignes discontinues de son cheminement politique qui laissent pantois les mordus par le légalisme. Lui, le maître des horloges et du temps politiques n’a nullement besoin de s’exprimer devant ses sujets sur ses intentions et sa volonté politique. Il tousse là-haut et ici-bas, son monde s’enrhume ou se met en branle. Il peut, s’il le veut, mettre hors jeu tous les acteurs de l’appareillage d’Etat. Aucun n’est à l’abri de son pouvoir de destitution, ou même de propulsion dans le monde des enfers. L’ancien séminariste aux allures inoffensives, de sa voix fluette, est redoutable pour tous ceux qui s’aventurent à marcher sur les plates-bandes de son pouvoir, ou qui seraient surpris en train de savonner le plancher à l’assise de son pouvoir.

Le suaire vieilli d’un pouvoir face aux intempéries du temps politique

Le réceptacle du pouvoir de 1982, les draps qui ont accueilli le pouvoir du Renouveau est en train de vieillir et de s’étioler. Des fissures apparaissent depuis la dernière élection présidentielle car on a vu en Europe des jeunes gens fanatisés au sein de la Bas s’attaquer aux effigies de Paul Biya. Du jamais vu car au sein du pays, si le N’nom Ngui n’est pas vénéré par ses partisans, il est à tout au moins déifié à maintes occasions. Bien plus, le dernier contentieux présidentiel diffusé en direct à la Crtv, la télévision nationale, a aussi contribué à semer dans les esprits une sorte de possibilité de la défaite de Paul Biya, un remake plus sophistiqué de ce qui s’était passé en 1992, juste 10 ans à l’époque après l’accession au pouvoir. En 2025, les effets du temps semblent travailler encore contre l’homme lion. L’éventualité de sa candidature a été ouvertement critiquée par les prêtres qui confient pour certains qu’il est préférable d’avoir le diable en place que le régime actuel.

On ne peut pas être plus dur. Et comme si la sérénité ne semblait pas de mise, on entend des chefs traditionnels et des chefs religieux, particulièrement dans les rangs de l’islam, appeler à une candidature de Paul Biya comme s’il y avait un obstacle dressé contre sa candidature. Pourtant au sein du Rdpc, le parti présidentiel, les textes statutaires veulent que le président soit le candidat à l’élection présidentielle. Il y aurait-il en interne une contestation de l’ordre établi pour que des appels parallèles se fassent comme si le parti n’était pas en mesure de la faire ? Un peu comme pour épaissir le mystère autour de cette donne, on voit une bousculade de certains partis politiques dits de l’opposition se bousculer au portillon pour soutenir la candidature de Paul Biya qui n’est pas encore annoncée. Ceux qui estiment que Paul Biya est le sphinx ou le phénix de la vie politique nationale sont dans les cordes avec ces signaux étranges qui appartiennent au monde des mortels.

Le promoteur du Renouveau national du fait de son long règne, passe aux yeux de beaucoup d’observateurs et analystes politiques pour être cet oiseau mythique, dotée d’une immense longévité et caractérisé par son pouvoir de renaître soit de son propre cadavre, soit des flammes de son bûcher (le phénix). Quant au sphinx, il symbolise une personne énigmatique à l’attitude mystérieuse. Il est représenté par un lion ailé à la tête et buste de femme. Octobre 2025, la candidature de celui qui a broyé tout le long de son interminable magistère des générations d’ambition présidentielle, semble suivre cette fois-ci des contingences difficiles, une voie qui s’annonce glissante. En plus de ceci, des candidatures déterminées sont annoncées contre lui, au point où on se demande si cette huitième candidature n’est pas une sorte de miroir aux alouettes du Phénix ou du sphinx.

You may also like

Leave a Comment

About Us / QUI SOMMES NOUS

Comme son nom l’indique, Panorama Papers est un site d’information générale qui couvre la plupart des actualités mondiales en termes généraux. Nous avons également une chaîne YouTube où vous trouverez de superbes interviews et d’autres vidéos d’actualité. Les papiers Panorama sont un produit PANORAMA GROUP LLC. Nous travaillons avec nos propres moyens (sans sponsors), pour vous fournir une information gratuite et crédible.




NOUS CONTACTER:

SILICON VALLEY 237 APPELEZ VITE

@Tous droits réservés. Conçu et développé par JETECHNOLOGIE