Par Ilyass Chirac Poumie
Le climat politique camerounais continue de se tendre après les arrestations visant plusieurs figures de l’opposition. Ce mardi matin, les avocats Me Hippolyte Meli et Me Emmanuel Simh se sont rendus au Secrétariat d’État à la Défense (SED), où est gardé à vue Anicet Georges Ekane, président du Manidem.
Souffrant mais déterminé à s’exprimer, M. Ekane a été auditionné jusqu’à 15 h 30, en présence de ses conseils. Il est poursuivi pour hostilité envers la patrie, révolution, incitation à la révolte et appel à l’insurrection. Il rejette catégoriquement ces accusations et dénonce un montage politique destiné à punir son soutien au candidat Issa Tchiroma Bakary lors de la présidentielle du 12 octobre.
Dans sa déclaration, il met directement en cause le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, le président du Conseil constitutionnel, Clément Atangana, et le chef de l’État Paul Biya, qu’il considère comme les véritables instigateurs de la crise actuelle. « Je n’ai rien à déclarer à une enquête qui me prête des pouvoirs imaginaires », a-t-il conclu.
Parallèlement, d’autres opposants, dont M. Djeukam Tchameni et le Pr Aba’a Oyono, ont également été entendus au SCRJ. Selon leurs avocats, plusieurs militants d’autres partis, notamment du FSNC, sont détenus sans assistance juridique. Les auditions devraient se poursuivre mercredi.
Ancien prisonnier politique, Anicet Georges Ekane est une figure historique du nationalisme camerounais et du combat pour les libertés publiques. Le Manidem, parti qu’il dirige, est connu pour ses positions souverainistes et sa critique de la gouvernance du régime Biya. Ces nouvelles arrestations s’inscrivent dans un contexte de répression accrue des contestations post-électorales et de durcissement sécuritaire dans le pays.
