Par Joseph OLINGA N.
Quartier Tsinga, dans le deuxième arrondissement de la ville de Yaoundé. En cette fin d’après-midi du 21 octobre 2025, un calme relatif règne sur les artères de cette agglomération populeuse. Les marques des échauffourées que cet espace situé à proximité du centre administratif et commercial de la ville de Yaoundé sont encore perceptible en ce début de soirée du 21 octobre. Dans la mi-journée, des groupes de partisans du candidat à l’élection présidentielle du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) sont descendus dans les rues pour revendiquer sa victoire “volée”.
Le long de l’artère partant du lieu dit Carrefour Warda au Carrefour Tsinga est occupé par des éléments de la Police et la Gendarmerie nationale sont positionnés le long de cet espace entre le premier et le deuxième arrondissement de la ville. Sur les différents carrefour, des véhicules d’assaut anti-émeute sont positionnés en posture dissuasive. Un déploiement perceptible à la Poste centrale, au carrefour Mvog-Mbi ainsi qu’à proximité des marchés du Mfoundi, marché central et le marché Mokolo. Déploiement décentralisé en début de soirée sur les principaux carrefours de la ville de Yaoundé.
La mobilisation préventive initiée par les autorités administratives de la ville n’est pas seulement tenue par le déploiement des forces de l’ordre. En coulisse, autorités politiques proches du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ainsi que les administratifs multiplient des rencontres avec les chefs des communautés à travers la ville et ses environs. Un seul thème à l’ordre de ses rencontres: contribuer à la préservation de la paix dans la cité capitale qui bouillonne littéralement depuis la fuite des résultats de l’élection présidentielle occasionnée par des membres de la commission de recensement des votes. Des résultats créditant Paul Biya, le chef de l’État sortant, d’un score de 53% des suffrages exprimés. Devant le candidat porté par l’Union pour le changement dont les équipes, après décomptes des procès verbaux concluent à la victoire de Issa Tchiroma avec un score en dessus de 60%. Une dissonance qui impacte de manière perceptible sur la relative quiétude que connaît la capitale politique du Cameroun depuis le début du processus électoral en cours.
Bataille communicationnelle
Dans ce climat de présomptions qui enveloppe la ville de Yaoundé s’intègrent des communications qui viennent renforcer le ciel gris qui pèse sur la ville aux sept collines. Entre messages savamment distillés au sein de l’opinion et les attitudes de certains cadres politiques et administratifs, Yaoundé vit dans la psychose.
Dans les buvettes environnantes du quartier Mokolo rumeurs et informations fondées rivalisent de préséance. Au lieu dit Total d’en bas, un message pré enregistré est assidûment écouté par les clients qui se le transfere.
La voix émanant de la capsule sonore d’une dizaine de minutes se présente en qualité de recrue de la Direction générale de la recherche extérieure (Dgre), service de collecte et de traitement d’informations stratégiques. L’homme qui affirme connaître de l’avenir de la ville de Yaoundé, dans la perspective de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle suggère aux populations de garder leurs enfants à la maison dès le 23 octobre, date retenue pour la proclamation officielle des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier. La même source fait savoir que des effusions de sang sont envisagées dans la ville dès la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel. La voix qui insiste sur sa proximité avec les services de renseignements stratégiques ne manque pas de conseiller aux populations de rester chez elles après les heures de travail.
La propagation de la psychose dans la ville de Yaoundé est entretenue par la diffusion et la distribution des tracts appelant les populations autochtones à se désintéresser des mouvements de revendications que les auteurs prédisent à venir dans la cité capitale. Le document qui porte en entête “Association le yaoundéen”, un nébuleuse se définissent comme organisation de la société civile suggère d’ailleurs de dénoncer toutes les personnes présumées proches des mouvements de revendications liés aux résultats de l’élection présidentielle.
Il y va des personnalités administratives et des cadres proches du Rdpc qui multiplient les initiatives visant à stigmatiser les manifestants. Dans la capsule audio en circulation dans la ville de Yaoundé, des ministres en poste sont accusés de fomenter un coup d’Etat visant à renverser le chef de l’Etat. Si l’auteur ne cite pas nommément les présumés, il soutient néanmoins que des cargaisons d’armes ont été saisis au Port de Douala, dans la ville de Limbé et à la Frontière du Cameroun avec le Nigeria. Des armes qui, soutient la même source, auraient été acquise sous financement de certaines hautes personnalités identifiées, selon ses affirmations.
Visiblement dans le viseur de certaines autorités politiques et administratives, Les conducteurs de moto taxis sont indexés par le ministre du commerce. Dans une correspondance qui a fuité sur les réseaux sociaux ce 21 octobre, le ministre Mbarga Atangana suggère au Délégué national à la sûreté nationale (Dgsn) de procéder à l’interpellation massive des conducteurs de moto taxis qui, selon lui, seraient les bras séculiers de la grogne qui viserait à renverser les institutions républicaines.
Course aux provisions
La psychose distillée au sein de l’opinion est telle que les marchés et points de commerce de la ville de Yaoundé connaissent une effervescence comparable à celle des veilles de fêtes de fin d’année. Sur les conseils de certains acteurs politiques, les ménages s’approvisionnent dans la perspective des lendemains incertains qui leurs sont prédit.
Dans le même temps, progressivement les prix des produits de consommation de première nécessité connaissent des hausses progressives.
