Par Ilyass Chirac Poumie
Ils étaient dix à comparaître ce matin devant le tribunal de première instance de Yaoundé : Bamou Jean, Tchudjeing Kengne Eric, Ouambo Matchou Victor, Toumeni Nganguen Emmanuel Diderot, Tchapda Francis Jojo, Timma Domfan Ella Geneviève, Deugoue Michel Cedric, Kamguia Domguia, Djemeni Noel et Nyebe Edoa Benoit Ulrich.
Ces prévenus, détenus pendant vingt-six jours dans les locaux du Conseil constitutionnel, sont poursuivis pour incitation à la révolte (article 157 du code pénal) et attroupement (article 232 du code pénal).
Selon le ministère public, les accusés auraient bravé une interdiction administrative en se rendant au Palais des Congrès, siège du Conseil constitutionnel, arborant des tee-shirts rouges et blancs marqués des slogans « No make erreur » et « Stop ». Le contenu de leurs téléphones, placés sous scellés, aurait confirmé leur intention de troubler l’ordre public.
La défense, conduite par le Collectif Sylvain Souop et Me Hippolyte Bt Meli, a toutefois souligné une contradiction majeure : le président du Conseil constitutionnel lui-même avait invité le public à assister aux audiences, invitation consignée dans les procès-verbaux d’enquête.
Autre zone d’ombre : seuls trois des dix téléphones supposément sous scellés ont été présentés à la barre, sans explication claire du ministère public.
Face à ces incohérences, le parquet a sollicité un report d’audience pour produire de nouvelles pièces à conviction. Une demande vivement contestée par la défense mais finalement acceptée par le tribunal. L’affaire a été renvoyée au 4 novembre 2025 pour la suite des débats.
Les dix prévenus avaient été interpellés le 10 septembre 2025 au Palais des Congrès de Yaoundé, où ils entendaient assister à une audience du Conseil constitutionnel relative au contentieux électoral. Leur détention prolongée sans jugement avait suscité l’indignation d’une partie de la société civile et des défenseurs des droits humains.
Le collectif d’avocats Sylvain Souop, connu pour ses interventions dans les affaires à forte portée politique, dénonce un procès à caractère dissuasif contre toute expression citoyenne autour des institutions électorales.
