Par Ilyass Chirac Poumie
À Maroua, chef-lieu de la région de l’Extrême-Nord, la visite du président sortant Paul Biya a été marquée par une polémique inattendue. Sur plusieurs vidéos relayées ce mardi sur les réseaux sociaux, des hommes en tenue militaire apparaissent dans la foule, vêtus de tee-shirts et foulards aux couleurs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Pour de nombreux observateurs, cette scène traduit une confusion préoccupante entre l’appareil d’État et le parti au pouvoir. Des voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles qualifient d’« instrumentalisation de l’armée » à des fins politiques. « Dans toute démocratie digne de ce nom, l’armée reste au-dessus des partis. Ce qui s’est passé à Maroua est une faute grave », commente un militant des droits civiques contacté par Klein Reporters.
Le rassemblement, présenté comme un grand meeting du Rdpc dans le cadre de la campagne présidentielle, a mobilisé plusieurs centaines de personnes, dont des fonctionnaires et agents publics. Les critiques soulignent qu’une telle participation de militaires à un événement partisan contrevient à leur devoir de réserve et à la neutralité imposée par le statut général des forces de défense.
Aucune réaction officielle n’a encore été donnée par le ministère de la Défense ni par les responsables du Rdpc.
La présence de personnels militaires lors des activités du Rdpc n’est pas une première au Cameroun, mais elle suscite de plus en plus d’indignation à l’approche de la présidentielle de 2025. Le Rdpc, parti au pouvoir depuis 1985, est souvent accusé de confondre institutions publiques et structures partisanes.
À Maroua, bastion politique historique du régime, Paul Biya entamait une tournée destinée à mobiliser l’électorat du Nord pour sa nouvelle candidature. L’incident des militaires en tenue de parti risque toutefois d’assombrir la portée politique de ce déplacement.
