Par Hajer Elina
Les premières fuites en provenance de la Commission nationale de centralisation des votes secouent violemment le climat politique camerounais. Selon Parfait Mbvoum, membre de ladite commission, les chiffres préliminaires accorderaient 52 % des suffrages au président sortant Paul Biya, contre 39 % à son principal challenger, Issa Tchiroma Bakary. Bien que non officiels, ces résultats présumés ont suffi à déclencher une onde de choc politique dans tout le pays.
Le représentant du Front pour le Salut National du Cameroun (Fsnc) aurait d’ailleurs quitté la salle de décompte, dénonçant une « manipulation flagrante » des résultats. Cette fuite intervient dans un contexte déjà explosif, marqué par la méfiance généralisée à l’égard des institutions électorales et la multiplication d’accusations de fraude à grande échelle.
De nombreux observateurs dénoncent des écarts statistiques invraisemblables, notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où le taux de participation annoncé serait anormalement élevé malgré la situation sécuritaire précaire. « Dans des zones où les populations ont fui, on nous annonce des taux records de participation. C’est incompréhensible », a confié Parfait Mbvoum.
Ces révélations accentuent les tensions à quelques jours de la proclamation officielle des résultats, prévue à Yaoundé. Les appels à la vigilance et à la transparence se multiplient, alors que l’opposition promet de ne pas reconnaître un verdict entaché de soupçons de falsification.
La Commission nationale de centralisation des votes, composée de représentants des partis, de l’administration et de la société civile, est chargée d’agréger les procès-verbaux issus des commissions départementales. Depuis la présidentielle du 12 octobre 2025, le processus est scruté de près par l’opinion, dans un climat de forte polarisation. Le candidat Issa Tchiroma Bakary revendique toujours sa victoire sur la base des résultats compilés par le Fsnc, tandis que le régime multiplie les signaux contradictoires. Cette nouvelle fuite pourrait bien cristalliser la crise de confiance déjà profonde entre le pouvoir et la population.
