Par Arlette Akoumou Nga
À peine déclaré réélu par le Conseil constitutionnel, le président Paul Biya n’a pas personnellement présidé sa première audience au palais d’Etoudi. C’est son secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a accueilli un diplomate italien au nom du chef de l’État. Cette représentation inhabituelle du président, âgé de 92 ans, relance les interrogations sur sa capacité à exercer pleinement ses fonctions, déjà soulevées avant et pendant la campagne électorale.
Sur le plan diplomatique, la réélection de Paul Biya n’a pas suscité l’enthousiasme attendu. Paris s’est contenté de « prendre note » de la proclamation officielle des résultats, sans adresser de félicitations, tout en appelant à la libération des personnes arrêtées arbitrairement dans le cadre des manifestations post-électorales. L’Union européenne et le Royaume-Uni ont adopté une position similaire.
Seuls les pays de la Cemac, le Maroc et la Commission de l’Union africaine ont explicitement félicité Paul Biya, déclaré vainqueur. Sur Balafon Média, un porte-parole du Rdpc, Sieur Youth, a tenté de relativiser cette prudence diplomatique, affirmant que « les félicitations interviennent généralement après la prestation de serment du président élu ». Une explication que contredisent pourtant plusieurs précédents africains et les pratiques antérieures de la diplomatie française, souvent prompte à féliciter Yaoundé dès la proclamation des résultats.
Pendant ce temps, le ministère camerounais des Affaires étrangères a multiplié les échanges avec les représentations diplomatiques pour tenter de rassurer sur la stabilité du pays, alors que l’opposant Issa Tchiroma continue de revendiquer sa victoire aux urnes.
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a été déclaré réélu à l’issue du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, marqué par un faible taux de participation et des accusations de fraudes massives. L’annonce de sa victoire a provoqué des manifestations dans plusieurs villes, réprimées par les forces de sécurité. Selon plusieurs Ong, des dizaines de personnes ont été arrêtées, certaines maintenues en détention sans inculpation. La communauté internationale suit de près la situation politique et sécuritaire au Cameroun.
