Par Ilyass Chirac Poumie
Près d’une semaine après le scrutin présidentiel du 12 octobre, le régime n’a toujours pas proclamé les résultats officiels, alimentant inquiétudes et spéculations dans tout le pays. L’écrivaine Calixthe Beyala et le cinéaste Jean-Pierre Bekolo ont, chacun à leur manière, exprimé leur exaspération face à ce silence jugé suspect.
Calixthe Beyala a dénoncé un « scandale électoral » et mis en garde contre un risque de « chaos national » si la vérité des urnes n’est pas respectée. Selon elle, Paul Biya, battu dans sept des dix régions, se serait vu attribuer des scores de 100 % dans les trois restantes afin de renverser le résultat. « C’est triste, a-t-elle déclaré, car ces chiffres fabriqués risquent d’entraîner le pays dans le désordre total. »
De son côté, Jean-Pierre Bekolo a choisi l’humour pour illustrer la lassitude populaire : « Des gens m’ont demandé si la publication des résultats prenait autant de temps parce que les dirigeants étaient trop vieux », a-t-il ironisé, déclenchant une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Son commentaire, au ton satirique, souligne la perception d’un pouvoir déconnecté, incapable de répondre aux attentes d’une nation en quête de transparence et de renouveau.
Dans un climat de tension et d’incertitude croissante, les appels à la publication rapide et crédible des résultats se multiplient, tandis que la société civile redoute que le blocage actuel ne débouche sur une crise politique majeure.
L’élection présidentielle du 12 octobre 2025 s’est déroulée dans un contexte de forte mobilisation et d’espoir de changement. L’opposant Issa Tchiroma Bakary revendique une victoire appuyée sur les procès-verbaux de plusieurs régions, tandis que le camp présidentiel tarde à réagir officiellement. Le retard inédit dans la proclamation des résultats, combiné aux accusations de manipulation et aux tensions communautaires, alimente un sentiment de défiance généralisé envers les institutions électorales et le pouvoir en place.
