Par Armand Soussia
La rumeur enfle à Yaoundé : la prestation de serment de Paul Biya serait-elle une formalité symbolique destinée à maintenir les apparences d’un pouvoir qu’il n’exerce plus ? Plusieurs sources diplomatiques et administratives évoquent une cérémonie strictement encadrée, au cours de laquelle le chef de l’État apparaîtrait brièvement avant de regagner sa résidence d’Etoudi.
Selon des observateurs, l’homme fort du régime serait désormais Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence et véritable coordinateur du pouvoir exécutif. En l’absence prolongée de Paul Biya, c’est lui qui signe les ordres, reçoit les diplomates, supervise les dossiers sensibles et donne les instructions aux ministres.
Le président sortant n’a été aperçu que brièvement à Maroua pendant la campagne électorale, une apparition soigneusement orchestrée qui avait davantage valeur de preuve de vie que de démonstration de vigueur politique. Depuis, son silence et son retrait nourrissent les doutes sur sa capacité à exercer effectivement la fonction présidentielle.
Cette situation alimente les spéculations sur une “présidence déléguée” de fait, où Biya servirait de couverture institutionnelle à un système contrôlé depuis le Palais par Ngoh Ngoh et son entourage. L’opposition parle d’un “simulacre de serment” destiné à légitimer la continuité d’un régime épuisé, tandis que certaines chancelleries s’interrogent sur la réelle capacité du président à gouverner.
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 dans un climat de contestation et de répression. L’opposition, conduite par Issa Tchiroma, revendique toujours la victoire et dénonce une fraude massive. Le chef de l’État n’a pas été vu en public depuis le scrutin, hormis sa brève apparition à Maroua durant la campagne.
Depuis lors, la présidence est pilotée par un cercle restreint autour de Ferdinand Ngoh Ngoh, considéré comme l’homme le plus puissant du régime. La cérémonie de prestation de serment, annoncée pour les prochains jours, devrait confirmer — ou infirmer — la réalité du pouvoir à Yaoundé.
