Cameroun | Présidentielle 2025: Colère populaire à Dschang, révélations de fraudes dans la Lekié et à Limbé

Par Ilyass Chirac Poumie

La situation reste explosive dans plusieurs villes du Cameroun à la suite du scrutin présidentiel du 12 octobre.
À Dschang, des centaines de manifestants ont bloqué l’axe principal traversant le palais de justice pour dénoncer ce qu’ils qualifient de fraude électorale organisée. La colère a redoublé après la publication de procès-verbaux donnant Issa Tchiroma Bakary vainqueur avec seulement deux points d’avance sur Paul Biya — un chiffre rejeté par les manifestants, qui exigent la publication des « vrais résultats ».

Dans la soirée, la tension a dégénéré : un véhicule a été incendié devant le commissariat central et un feu a été allumé à l’entrée du palais de justice. Des témoins rapportent que des habitants ont forcé l’accès aux locaux d’Elecam, d’où ils affirment avoir récupéré les procès-verbaux originaux attestant, selon eux, d’une victoire écrasante d’Issa Tchiroma.

Dans la Lekié, un chef traditionnel aurait été surpris dans un bar en train de falsifier seize procès-verbaux en faveur du candidat sortant Paul Biya.
Des informations concordantes font également état d’opérations de manipulation des résultats dans le Ndé, où la ministre Célestine Ketcha Courtès aurait été vue supervisant la falsification des chiffres dans plusieurs localités, notamment Bangangté, Tonga et Bamena.

À Limbé, dans la région du Sud-Ouest, un représentant du Front pour le Salut National du Cameroun (Fsnc) aurait été séquestré depuis 17 heures dans les locaux du conseil municipal. Selon des témoins, des pressions seraient exercées sur lui pour qu’il signe un procès-verbal modifié au profit du Rdpc.

Pendant ce temps, des marches nocturnes ont eu lieu à Bafang, où les populations célèbrent la victoire d’Issa Tchiroma Bakary, proclamée par plusieurs bureaux de vote de l’Ouest.

Ces nouveaux incidents viennent aggraver un climat post-électoral déjà tendu. Depuis la fermeture des bureaux de vote, plusieurs cas de falsification de procès-verbaux, de bourrages d’urnes et de pressions sur les représentants de l’opposition ont été signalés à travers le pays.

Malgré les appels au calme, les manifestations pour la « vérité des urnes » se multiplient dans les grandes villes, illustrant la profonde crise de confiance entre les citoyens et les institutions électorales.

Alors que le Conseil constitutionnel doit encore proclamer les résultats officiels, le pays s’enfonce dans une période d’incertitude politique marquée par la défiance et la contestation.