Par Ilyass Chirac Poumie
Réunies au sein d’une Mission d’Observation Électorale (MOE), plusieurs organisations de la société civile camerounaise — dont Nouveau Droit de l’Homme (Ndh), le Redhac, Mandela Center International, la Plateforme pour la Démocratie, Fipdhd, Cradid et Positive Generation — ont dressé, dans leur déclaration préliminaire, un constat contrasté du déroulement de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
La mission, qui a couvert l’ensemble des dix régions du Cameroun à travers des observateurs accrédités et des observateurs citoyens, relève plusieurs irrégularités majeures : publication tardive des listes électorales, présence de personnes décédées sur les listes, démarrage retardé de nombreux bureaux de vote, intimidation de scrutateurs, inégalité dans la distribution des bulletins, falsification présumée des procès-verbaux, bourrages d’urnes, et violences dans certaines localités.
Des affrontements auraient notamment éclaté à Garoua entre partisans d’Issa Tchiroma Bakary et forces de l’ordre, faisant plusieurs blessés et des dégâts matériels. Par ailleurs, la MOE dénonce des restrictions imposées à certains observateurs et électeurs à Kumba, Mutengene, Bamenda et Buea, ainsi que le regroupement de bureaux de vote dans des zones inaccessibles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
La mission évoque également l’arrestation de plusieurs Camerounais au Gabon qui tentaient de surveiller le vote à l’ambassade du Cameroun à Libreville.
Malgré ces dérives, les observateurs saluent plusieurs points positifs : la bonne préparation matérielle du scrutin, la discipline des électeurs, l’absence d’attaques séparatistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, une couverture médiatique soutenue et un engagement citoyen renforcé.
Estimant la participation entre 38 et 45 %, la société civile appelle les autorités à « faire preuve de responsabilité absolue » et à « respecter le choix du peuple souverain ». Elle met en garde contre toute tentative de pression ou de menace à l’encontre du candidat Issa Tchiroma Bakary et de ses partisans, dénonçant la présence inquiétante de forces de sécurité autour de son domicile.
Cette déclaration conjointe, signée par huit organisations camerounaises, intervient alors que la tension monte autour de la compilation des résultats de la présidentielle. Des soupçons de manipulation des procès-verbaux circulent dans plusieurs localités, tandis que les observateurs nationaux et internationaux insistent sur la nécessité d’une transparence totale. La société civile, forte de son maillage territorial, se positionne une fois encore comme gardienne du processus démocratique, réclamant une publication fidèle des résultats issus des urnes.
