Panorama papers
Par Joseph OLINGA N.
“Ne vous y trompez pas: Les Nordistes sont résolus à jouer un rôle central dans la vie politique de notre pays.”
Alors que le débat public semblait polarisé sur les candidatures de Paul Biya pour le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Maurice Kamto pour le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), Cabral Libii pour le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) ou encore Joshua Osih du Social democratic front (Sd), Tomaïno Ndam Njoya de l’Union démocratique du Cameroun (Udc) et Akere Muna, candidat investi par le Parti Univers (candidats issus de la vingtaine déjà déclarée), Guibaï Gatama, porte-étendard du Mouvement 10 millions de Nordistes sonne le glas de la mise à l’écart du septentrion du Cameroun dans les prétentions présidentielles. Journaliste et leader d’opinion d’envergure du Grand Nord, Guibaï Gatama martèle
“Le véritable match commence et nous seront présents aujourd’hui comme demain.”
Expression de la distance prise et assumée par les populations des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) mais aussi les partis détenus par les natifs du septentrion gravitant autour du pouvoir, dans le cadre de la plateforme gouvernementale. Sans ambigüité, surtout sans complexe, les populations du Grand Nord, à travers des groupes de pressions structurés appellent à la mobilisation des fils et filles du septentrion pour aller à l’assaut du pouvoir.
“Nous allons faire comme vous désormais. Assez d’observer, assez d’attendre!”
Déclame Samuel Guedjeo. Le natif du septentrion qui ne se réclame d’aucune formation politique soutient qu’il est
“temps pour pour les ressortissants du Grand Nord de parler d’une seule voix. Si d’autres soutiennent leurs candidats sans complexe, pourquoi pas nous?”
La manifestation de la rupture du Grand Nord avec le pouvoir en place et les habitudes établies est telle que l’élite politique locale est mise sous pression et sommée de regagner les rangs de la révolution qui bruisse dans le Grand Nord. Et c’est Dieudonné Essomba qui a la formule heureuse pour interpréter la force du vent qui souffle dans le septentrion. L’analyste explique que
“Il n’y a aucune mise en scène! Amadou Ali avait bien décrit ce processus: les Nordistes soutiendront Biya jusqu’à la fin. Mais après lui, le pouvoir rentre au Nord.”
Les camerounais du septentrion ont-ils sonné le glas de Paul Biya? Pour Germaine, militante du Rdpc issue de l’Extrême-Nord, c’est une question réthorique.
“Tous les signaux indiquent que la gestion du pouvoir n’est plus assumée par le président. Cela se ressent même au sein du parti. L’on constate que des groupuscules se forment en interne pour soit conserver le pouvoir, soit le conquérir.”
Cette source conclut
“Pourquoi voulez-vous que le Grand Nord qui garantie le pouvoir à Paul Biya depuis plus de trente ans reste spectateur?”
Une posture assumée par Abdoulaye Souley, opérateur économique résidant dans la ville de Bafoussam qui qui appelle le Grand Nord a “soutenir un candidat consensuel.” Pour cette source
“Pourquoi quand les autres soutiennent leurs leaders, ils ne sont pas traités de tribalistes ou de communautaristes? Le temps est venu pour nous d’agir.”
Un candidat, mais qui?
Pour Souleymanou Ahmadou, la question n’est pas celle de l’existence d’un candidat du Grand Nord.
“Le moment venu, le Grand Nord va présenter un candidat. Le plus important est que les gens se réunissent et parlent d’une même voix.”
Une posture partagée par Idrissou. L’enseignant propose néanmoins que le choix soit fait sur un candidat d’un âge intermédiaire. Un candidat dont l’âge est compris entre 45 et 70 ans maximum.
“Ce que nous voulons de tous nos voeux est une rupture avec le système gouvernant actuel. Il est aussi vrai que l’on y trouve des hommes et des femmes de grandes valeurs. Mais…bon!”
Plus explicite, Raymond Guedjeo estime qu’il faut écarter l’élite ayant flirter avec le système gouvernant.
“On ne veut plus d’anciens ministres recyclés, mais une nouvelle géneration de leaders: jeunes, crédibles,sans lien avec le système.”
Cette source précise que
“Tous ceux qui ont servi ce régime, même s’ils démissionnent aujourd’hui, doivent être disqualifiés.”
Au coeur de la cartographie électorale.
Pour sûr, les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, avec près de trois (03) milliond d’électeurs potentiels sont au coeur de la cartographie électorale camerounaise. Une donne bien assimilée par la multitude de candidats déclarés qui doivent nécessairement revoir leurs prétentions. Le candidat du Rdpc en premier. Lui qui n’a eu de cesse de vanter le “soutien indéfectible” de ce vivier électoral.
