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Avec Nôb Georges Boniface Nlend V sociologue
Énonciations techniques
La Vision qui structure le Projet collectif est portée par un seul unique récit. La crédibilité du Récit national se construit par le consensus collectif, sur une réalité de référence établie par la science. Et c’est la certitude de ce récit qui en assure la puissance et l’efficacité, pour la constitution d’une nation forte et la mise en place d’une collectivité politique qui assume sa souveraineté et bâtit son destin.
La vérité de la collectivité politique, en tant qu’élément de la Vision qui structure le Projet collectif, est supérieure aux vérités des individualités et leur prévaut en cas de dissonance ou de divergence. La vérité de la collectivité politique est un absolu. Elle est protégée des relativismes. La vérité de la collectivité politique inspire l’idéologie collective, la boussole collective, l’intellectualité collective, le Récit collectif, toutes choses constitutives de la Vision qui structure le Projet collectif.
Ouandji est né du Refus de l’Arbitraire colonial et de l’Engagement à contester le déploiement tous azimuts de la violence coloniale, à démanteler les suppôts de son enracinement profond dans le Corps national, à défendre la liberté collective comme valeur absolue et à relever la dignité contre la Volonté coloniale de négation, d’humiliation, d’asservissement et de domination définitifs, jusqu’au prix de la vie. Les gens de cet acabit sont l’élite authentique de l’humanité et de la société. Ils ne sont donc pas nombreux, les gens qui ont cette perception absolue et radicale des choses. Ouandié participe de cette race minoritaire et c’est ce statut qui fait de lui une personne INCONTESTABLEMENT supérieure. C’est avec ce genre de personnes que la Vision et le Récit du Projet collectif constituent la boussole, la référence, le repère, la fondation, le socle, la garantie et l’assurance de la projection et du déploiement de la collectivité politique.
Le relativisme est une porosité et une trouaison, c’est-à-dire un grignotage, une fissure, une ablation, une suppression, un déficit, un manque, une régression, une trahison. Le relativisme participe donc de la réalité, mais sans en supplanter l’absolu. Dans l’époque actuelle, il accompagne la dégénérescence portée par les militantismes transhumanistes et progressistes. Dans le cas de la modernité politique camerounaise, le relativisme libertaire ou pseudo-démocratique est un impact du Poison colonial ainsi qu’une manifestation de l’Échec intellectuel africain de la construction du Projet collectif africain. L’échec du Récit africain. L’Afrique patauge dans la Défaite, profondément tétanisée par la Violence de l’histoire et de l’Empoisonnement colonial, la mécanique de l’empoisonnement intellectuel colonial comme pivot de la mécanique de la dissociation intellectuelle africaine qui elle-même sous-tend et nourrit la léthargie systémique contemporaine.
L’on continue de se vautrer dans l’approximation, la diversion, la dispersion antinomique et la distraction. Il en découle que la controverse provoquée par Élímbí Lóbè suggère l’impératif de l’évaluation des connaissances constitutives de l’intellectualité africaine. Le défaut de formation structurée et d’imprégnation complète à la préoccupation scientifique diopienne, la marginalité de l’Analyse africaine de l’histoire, ont fait tant de mal aux propositions intellectuelles africaines et à la nécessité du Relèvement, aujourd’hui encore, dressant le lit de tant de diversions, de corruptions, de malentendus, de dispersions dans la construction de l’intellectualité africaine, de tant d’obstruction au ressaisissement de l’Afrique dans l’Histoire. L’outrage inattentif à Ouandji rappelle qu’aujourd’hui encore, colonisation, colonialité, domination coloniale, aliénation, ne sont pas des truismes. Ils le sont d’autant moins que le Relèvement historique de l’Afrique passe nécessairement par la mise à plat et l’appropriation intellectuelle et viscérale de tous les enjeux et implications constitutives de la colonisation et de la domination coloniale. Autrement dit, à tous les niveaux d’éducation, dans les médias, il est question de généraliser et d’institutionnaliser l’explication des implications de la colonisation et de la domination coloniale.
Entracte épistémologique
Dans sa représentation sociale et sa configuration collective, la vérité est définie à l’aune de la valeur, c’est-à-dire à l’aune de la dimension considérée comme la plus importante, la plus intransigeante, la plus irréductible, la plus pure, la dimension de référence, de ce qui est le plus susceptible d’assurer la vie, la cohésion, le développement, l’épanouissement; de ce qui est le moins susceptible à la dégradation, à la fluctuation, à l’arbitraire. Quant à son appréhension, le sujet épistémique s’efforce de connaitre la vérité, dans une démarche influencée de part en part par les pondérations identitaires diverses auxquelles il est nécessairement contraint : les contextes sympathiques, les trajectoires propres, les personnalités individuelles, les vécus intimes, les compétences spécifiques, etc. Il n’en demeure pas moins que la réalité de la vérité, l’absoluité de la vérité, peut échapper à l’appréhension du sujet. En effet, la réalité existe indépendamment du sujet qui s’efforce de la saisir. La démarche d’appréhension de la réalité est plurielle. Elle est fonction de la nature ou de l’identité de la réalité visée : intuitive, inspirée, immédiate, empirique, spirituelle ou scientifique, l’enjeu épistémologique étant la crédibilité et l’efficacité méthodologiques. Dès lors, l’effort de science en tant que démarche spécifique est considéré comme l’une des dispositions les plus crédibles d’appréhension de la réalité.
Autres énonciations techniques
La collectivité politique n’est pas une somme des individualités qui participent d’elle. La collectivité politique a une nature différente, un statut différent, une vocation différente : elle est différente des individus et des groupes qui participent d’elle. La vision de la collectivité politique, qui structure le Projet de la collectivité politique, se construit sur la conscience que les acteurs de cette collectivité politique ont de leur identité culturelle, de leur identité historique, de leurs perceptions et valeurs spirituelles, de leurs ambitions existentielles. La vision est donc en même temps la carte d’identité de la collectivité politique, la valeur de référence de la collectivité et la mesure de toute démarche constitutive du déploiement de la collectivité politique. La vision qui structure le Projet collectif est significative et porteuse des intérêts sacrés, supérieurs et ultimes de la collectivité politique. Cependant, la vision qui structure le Projet collectif est garante de la sécurité, de la dignité et de l’épanouissement des individualités qui participent d’elle.
Le fait colonial est l’un des arbitraires les plus radicaux que l’humanité ait jamais produit : la négation de l’humanité chez autrui; la négation de la liberté; la négation de la volonté; la négation de l’identité. Le génocide. Par la ruse, le cynisme, la violence. C’est ainsi que l’arbitraire colonial est un arbitraire absolu. La colonisation est un arbitraire absolu. Autrement dit, IL N’Y A AUCUN ASPECT de la colonisation digne d’appréciation, digne de respect, digne de mansuétude, AUCUN, de ce que la colonisation est un arbitraire absolu : négation de l’humanité chez autrui, négation de sa liberté, négation de sa volonté, négation de son identité. Génocide. La colonisation est un Bloc granitique arbitraire.
En d’autres termes, comme il est du mal et du bien, les dynamiques anticolonialistes et les actions développées dans l’opposition nationaliste indépendantiste à l’arbitraire colonial, sont absolues. Le nationalisme indépendantiste anticolonialiste est un absolu de vertu, en tant qu’il participe de la vision qui structure le Projet collectif.
La valeur supérieure de la collectivité politique se construit sur la protection de l’humanité, la protection de la dignité, la protection de l’identité, la protection de la liberté, de la souveraineté, toutes choses sur lesquelles se charpentent et se développent le capital historique et la projection cohérente dans l’histoire.
Comme le Corrupteur, le projet colonial et la démarche de colonisation se déploient également par la ruse et sur la manipulation, par l’hypocrisie et sur la machination, par la perfidie et sur le stratagème, par la tromperie et sur le subterfuge, par la stratégie et sur la sournoiserie, par la subtilité et sur le mensonge, par la division et sur le piège, par la malignité et sur la fourberie, avec la dissimulation. Ces différentes démarches constituent l’identité de l’Arbitraire colonial. C’est ce qui rend compte de ce que j’appelle l’empoisonnement, la défaite, la résignation à la colonialité, la trahison. C’est cette appréhension assurée des choses qui invalide les opinions de JDD Momo et d’Élímbí Lóbè. Autrement dit, Élímbí Lóbè et Momo ont tort, quelle que fut leur bonne foi ou plutôt leur naïveté; quelle que fut la légitimité des faits relatifs invoqués à leurs douleurs collatérales personnelles. En d’autres termes, à l’aune de la protection de l’humanité, la protection de la dignité, la protection de l’identité, la protection de la liberté, de la souveraineté, toutes choses sur lesquelles se charpentent et se développent le capital historique et la projection cohérente dans l’histoire., la lutte nationaliste indépendantiste anticolonialiste est un Bloc granitique vertueux absolu.
Implications intellectuelles
Comme il est des débats enfiévrés et des discuteurs emportés, Élímbí Lóbè a parlé dans un moment d’emportement discursive, de rupture surmoïque, de fougue locutoire, de perte de contrôle, même si l’arbitraire relativiste qui lui est venu à la bouche aurait été enfoui…, plausiblement tapi toujours dans la trame sympathique de l’intellectualité collective marginale, et « c’est sorti comme c’est sorti », pour dire les choses dans un camerounisme bien connu.
Élímbí Lóbè s’est trompé, et la Pudeur collective peut encaisser qu’il formule une opinion gravissime d’ignorance, d’arbitraire et de mauvaise foi. Élímbí Lóbè aurait tort, et la collectivité politique en serait draconiennement préjudiciée si, à défaut de ravaler l’orgueil égotiste en revenant sur son erroné propos, il s’obstinait dans l’arbitraire. Les historiens et les politologues africains sauront présenter les éléments de cohérence qui établissent la misère des propos d’Élímbí Lóbè sur E. Ouandié. Cependant, le double enjeu que mobilise son opinion erronée porte autant sur sa crédibilité intellectuelle et son destin politique dans la collectivité africaine que sur l’impulsion que l’Analyse africaine, par la réception de la présente leçon, donnera définitivement à l’intellectualité opératoire.
Au moment où A. Tiani, A. Goita, I. Traoré et D.D. Faye corrigent lucidement l’histoire dans le Liptako-Gourma et au Sénégal, la confusion suscitée au Cameroun par le Lapsus d’Élímbí Lóbè rend malheureusement compte d’une collectivité politique qui se vautre encore dans l’autisme historique et la dyslexie intellectuelle. Vivement qu’advienne l’adhésion à la Confédération du Sahel pour que l’Analyse africaine prenne définitivement son envol, pour une intellectualité collective irréversiblement décolonisée et une collectivité politique fermement remise sur la Route de l’histoire!
Nôb Nlénd, Ph.D
