Par Serge Aimé BIKOI
Statuant avec deux magistrats civils et un assesseur militaire, la cour d’appel du Littoral a annulé la décision d’instance et a déclaré Dorgelesse Nguessam, Appolin Fossi et Mathurin Soptiam non coupables des faits “d’insurrection”, coupables de faits “d’attroupement, de réunion et manifestations publiques”. Puis, cette chambre juridictionnelle les a condamnés à six mois d’emprisonnement ferme alors qu’ils avaient déjà passé 4 ans 4 mois de leur vie en détention provisoire à la prison centrale de New-Bell à Douala. Après le paiement des dépens fixés à la somme de 54.000 Fcfa, ils sont, désormais, libres y compris l’unique femme victime.
En instance, le Tribunal militaire de Douala avait condamné ces trois militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc) à 5 ans d’emprisonnement ferme et à de lourdes amendes pour les faits “d’insurrection, d’attroupement, de réunion et manifestations publiques”. Enquêtés pour des faits de “troubles à l’ordre public, de réunion et manifestations publiques”, D. Nguessam, A. Fossi et M. Soptiam avaient été, indique Me Fabien Kengne, avocat au barreau du Cameroun et membre du collectif Sylvain Souop, “brusquement traduits au Tribunal militaire de Douala, inculpés pour les faits de “rébellion, d’insurrection, d’attroupement de réunion et manifestations publiques”. Ils y avaient été traduits pour répondre de ces faits.
Arrêtés le 22 septembre 2020 dans le cadre des marches pacifiques organisées par le parti de Maurice Kamto, ces trois militants avaient été brutalisés, molestés et conduits d’abord au camp de gendarmerie de Mboppi, puis transférés dans les geôles de la police judiciaire du Littoral. Pour Me Hippolyte Meli, chef de pool du collectif Sylvain Souop, “le combat pour la liberté des 41 victimes encore incarcérées se poursuit et se poursuivra devant la cour suprême du Cameroun”. L’homme en robe noire indique que le pourvoi en cassation sera formé de toutes les façons pour la victoire du droit. “L’avis du Groupe de travail des droits de l’homme des Nations unies, intervenu en cours de procédure, ne saurait être piétiné de cette manière, ajoute Me Meli, qui conclut à la thèse selon laquelle la cour suprême du Cameroun devra prendre ses responsabilités ou s’aligner derrière les violences policières et administratives”.