Panorama papers
Par Joseph OLINGA N.
Dans la ville de Yaoundé, le temps semble suspendu. Malgré la relative ambiance qui donne à la capitale politique du pays un semblant de sérénité, les conversations rappellent à l’observateur que le pays tout entier est s un suspendu au verdict du Conseil constitutionnel. Instance appelée à proclamer les résultats de l’élection présidentielle que le pays a connu le 12 octobre dernier. Un moment décisif pour l’avenir de la nation camerounaise qui connait déjà des soubresauts. Des signaux qui indiquent l’état d’esprit de la grande majorité des camerounais, désabusés par les présomptions de manipulations autour des résultats de cette élection déterminante.
Les mouvements de protestation qui ont débuté dans la ville de Garoua, avant de s’étendre à le capitale économique Douala puis Maroua, sont désormais perceptibles dans la capitale Yaoundé. A des niveaux divers, les populations dénoncent la victoire du chef de l’État sortant que veulent imposer les organes et institutions en charge de la gestion de cette élection, sur l’instigation des proches du candidat Paul Biya du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc).
Contestations populaires
Comme un ballon d’essai, l’entourage du chef de l’État âgé de 92 ans dont 43 ans au pouvoir s’emploient a distiller l’éventualité d’une victoire au candidat du Rdpc alors que les données compilées par les autres candidats à l’élection du 12 octobre dernier concluent à une victoire du candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc), Issa Tchiroma Bakary.
La manœuvre orchestrée par des personnalités proches du chef de l’État sortant, Paul Biya, sont à l’origine d’une ambiance électrique qui crispe la vie nationale et fait craindre des lendemains sereins.
Libertés publiques
Dans le même temps, autorités politiques et administratives multiplient des initiatives pour contraindre les libertés individuelles à travers le pays. Interdiction de circuler, couvre-feu, déploiements des forces de maintien de l’ordre, interpellations et incarcération souvent non justifiées sont appliquées à tout contestataire ou présumé tel.
Dans les milieux proches du pouvoir, l’heure est à la lecture du vent. Si certaines personnalités , parmi les plus proches du chef de l’État plus que quadragénaire s’activent pour faire passer le huitième mandat de Paul Biya, nombreux au sein du parti au pouvoir scrutent et jaugent la clameur populaire qui s’intensifie autant pour exiger la proclamation des résultats réelles issus des urnes que pour demander le départ du président qui gouverne par procuration depuis de nombreuses années.
Échos du palais
Dans le même sillage s’amplifient les batailles dans les cercles du pouvoir. Les nombreux clans dont nombreux opéraient jusqu’ici en catimini montrent leurs griffes. La guerre ouverte qui se déroule désormais dans l’espace public met en scène des présomptions de mainmise sur les institutions par la force comme l’indiquent des messages audios imputant à certaines hautes personnalités l’ambition de vouloir prendre le pouvoir par les armes.
Les Échos du palais, malgré la relative sérénité affichée par ses habitués, indiquent une fragmentation de la dynamique de façade jusqu’ici présentée à l’opinion. Dans le même temps, des sources proches de “la grande maison” décrivent un Paul Biya désemparé.
A la fois rassuré par certains de ses proches qui soutiennent contrôler la situation au président et marqué par la rumeur de la rue que les observateurs estiment à son stade embryonnaire, le président sait que la bourrasque qui se lève s’inscrit dans les signes du temps. Le président sait aussi qu’il est des moments où l’on donne une trajectoire à l’histoire et des contextes qui déterminent le cours de l’histoire.
