Panorama papers
Par Ilyass Chirac Poumie
En ce moment critique de l’histoire politique du Cameroun, les gestionnaires du régime semblent animés par « l’illusion du taureau », cette croyance obstinée en une victoire encore possible, malgré la réalité visible des urnes. Tête baissée, ils foncent, accusent, manipulent, bricolent les chiffres, et s’accrochent au mythe d’une force inébranlable du président sortant dans les zones rurales — ces mêmes zones où la misère est la plus palpable, mais que le régime peint, paradoxalement, comme le dernier bastion de la ferveur pro-Biya.
Mais le taureau est blessé. Il charge dans une arène qui n’est plus la sienne. Car l’arène, désormais, appartient au peuple — une masse silencieuse et déterminée qui s’est levée, d’un bout à l’autre du pays, pour exiger le changement. Ces Camerounais, unis au-delà des clivages ethniques, religieux et partisans, attendent l’aube d’une nouvelle ère, celle du respect de leur choix souverain.
À mesure que les jours passent, la nation, le continent et le monde observent. Le regard se tourne vers Yaoundé, dans l’espoir d’un sursaut d’honneur, d’un geste d’État, d’un exemple à la Abdou Diouf, l’ancien président sénégalais qui, en 2000, choisit la grandeur de reconnaître la volonté populaire plutôt que la honte d’un entêtement inutile. Ce geste, devenu un repère démocratique en Afrique, reste la preuve qu’un départ digne vaut mieux qu’une victoire arrachée à la vérité.Après 43 ans de règne, le Cameroun s’interroge :
Le cœur de Diouf peut-il être cloné ?Ou le taureau, aveuglé par sa propre illusion, finira-t-il par s’effondrer, seul, au centre de l’arène, face à la clameur du peuple et à l’évidence de l’Histoire ?BackgroundLa tension post-électorale reste vive depuis le scrutin du 12 octobre 2025. Tandis que les contestations s’intensifient et que des voix s’élèvent pour réclamer le respect du verdict des urnes, le régime en place multiplie les signaux de crispation.Les observateurs nationaux et internationaux appellent à la transparence, tandis que plusieurs organisations de la société civile, partis politiques et personnalités publiques — y compris certains anciens cadres du pouvoir — plaident pour une transition pacifique et démocratique.
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L’illusion du taureau d’une victoire possible
En ce moment critique, les gestionnaires du régime sont nourris par l’illusion du taureau d’une éventuelle victoire. La tête la première, ils accusent, bricolant les résultats du vote et répandant le mythe de la force inébranlable du président sortant dans les zones rurales – ces zones mêmes où les gens souffrent le plus, mais sont paradoxalement dépeints comme des plumes joyeuses de leurs oppresseurs.
Mais ce régime est le taureau, chargeant aveuglément dans une arène qui n’est plus la sienne. L’arène est maintenant remplie de la masse silencieuse et déterminée du peuple, qui a parlé ouvertement et bruyamment pour le changement. Ils sont unis, indépendamment de leur tribu, de leur religion ou de leur parti, dans l’attente d’une nouvelle aube.
Au fil des jours, la nation, l’Afrique et le monde retiennent leur souffle, espérant que le président sortant lira une page du livre du président Abdou Diouf du Sénégal. Cet acte singulier de reconnaître la volonté du peuple est devenu la boussole qui guide le Sénégal jusqu’à ce jour – un héritage de dignité qui résonne à travers l’histoire.Après 43 ans d’endurance, les gens regardent maintenant, se demandant si le cœur de Diouf peut être cloné. Le taureau, dans sa dernière charge désespérée, ne voit que la cape rouge de sa propre illusion, pas les matadors du destin qui attendent sa chute.
