Par Sandra Embollo
Cette opération a permis l’arrestation de 90 trafiquants, illustrant ainsi la détermination des autorités à lutter contre un fléau qui menace l’équilibre fragile de la biodiversité. Sur le terrain, les opérations se sont succédé avec une intensité remarquable. Des raids minutieusement planifiés ont conduit à la saisie de 474 kg d’ivoire d’éléphant, un chiffre qui témoigne de l’ampleur du commerce illégal. Mais l’ivoire n’était qu’une partie du butin : peaux de panthère et de lion, défenses, primates ainsi que des écailles de pangolin sont également apparus lors des diverses interventions. Parmi ces arrestations, 64 trafiquants spécialisés dans le commerce d’ivoire ont été appréhendés, révélant l’existence d’un marché noir florissant, capable de mettre en péril la survie de nombreuses espèces menacées.
Certaines affaires ont particulièrement marqué cette offensive. En Côte d’Ivoire, notamment dans le quartier réputé de Koumassi, quatre trafiquants de grande envergure liés à des syndicats criminels asiatiques ont été capturés. Leur arrestation a permis la saisie de plus de 200 objets en ivoire sculpté, illustrant la dimension internationale et sophistiquée de ce commerce illicite.
Au Cameroun, l’opération a pris une tournure violente lorsque des militaires révoqués, impliqués dans le trafic d’ivoire, ont résisté aux tentatives d’arrestation. Ce brusque affrontement a mis en lumière les risques que les forces de l’ordre encourent lorsqu’elles s’attaquent à des réseaux criminels bien organisés.
Le scandale ne s’arrête pas là. Au Congo, un greffier en chef du Tribunal de Grande Instance de Dolisie a été arrêté pour avoir exploité sa position afin de détourner l’ivoire saisi et entreposé dans les salles des scellés du tribunal. Dénoncé par ses propres complices, il a ainsi illustré la corruption infiltrant parfois même les institutions censées protéger la loi.
Malgré ces succès retentissants, la lutte contre le trafic d’espèces sauvages demeure un défi colossal. Les réseaux criminels se renouvellent sans cesse, adaptant leurs méthodes pour échapper à la répression et perpétuer un commerce qui sacrifie chaque jour la vie de ces trésors vivants de la planète. Face à cette menace8, les défenseurs de la faune appellent à un renforcement des lois ainsi qu’à une intensification des sanctions, afin de dissuader de futures infractions et de protéger l’exceptionnelle biodiversité africaine.
Le succès de cette opération repose également sur la collaboration étroite entre les gouvernements et le réseau EAGLE, qui regroupe des ONG telles que LAGA. Au-delà du soutien logistique et technique, cette coalition joue un rôle essentiel dans la sensibilisation de l’opinion publique et l’éducation sur la nécessité vitale de préserver les ressources naturelles du continent africain. Cette riposte coordonnée contre le trafic d’espèces sauvages témoigne d’un engagement renouvelé des États africains et des organisations internationales dans la lutte contre le braconnage et le commerce illégal. Un combat essentiel pour garantir un avenir où la richesse naturelle de l’Afrique ne soit plus victime des ravages d’un commerce criminel.