Par Sandra Embollo
Puis, un soir, le silence se brise. Un UH-60 s’écrase au-dessus du Potomac après une collision avec un vol commercial. En un instant, une unité forgée dans l’ombre est projetée sous la lumière crue d’un drame national. Que faisait cet appareil dans cette trajectoire fatale ? Pourquoi cette présence, à cet instant précis ? Le mystère s’épaissit à mesure que les débris du crash livrent leurs fragments d’histoire.
Le 12th Air Battalion n’a cependant jamais suivi les règles du jeu. À Fort Belvoir, son fief discret aux abords de Washington, on n’ignore rien des exigences de l’urgence. Exfiltrer, protéger, disparaître : tels sont les maîtres-mots de ce bataillon dont l’emblème, un mouton noir en uniforme de pilote, illustre une philosophie à contre-courant. Car ici, la rigueur s’accompagne d’une audace frondeuse, la discipline se module au gré des nécessités. Il ne s’agit pas de respecter scrupuleusement le protocole, mais de s’en affranchir quand la situation l’impose.
Leur devise ? “Nous sommes prêts pour la fin du monde“. Et ce n’est pas une figure de style. Si un jour la dissuasion nucléaire échouait, si les sirènes venaient à retentir dans la capitale américaine, ces hommes et femmes n’auraient que quelques minutes pour arracher les figures clés du gouvernement aux ruines fumantes et les conduire à Mount Weather ou Raven Rock, derniers bastions de la continuité du pouvoir.
Ils sont la dernière ligne de défense en cas de chaos, les gardiens silencieux d’un pouvoir dont la pérennité repose sur leur capacité à réagir sans faillir. Leur existence même est une question de timing absolu, un fragile équilibre entre anticipation et action immédiate.
C’est pour cela que leurs appareils, des UH-60 (VH-60), sont des versions luxueusement aménagées du célèbre Black Hawk. Revêtus d’un bleu profond rehaussé de bandes dorées, ils portent fièrement le surnom de “Gold Tops”.
Une femme à la tête de ce 12th Battalion d’élite si particulier

Mais alors que les enquêteurs s’affairent encore autour de l’épave, le 12th Air Battalion, lui, n’a pas disparu. Il s’est effacé, momentanément, le temps que le tumulte s’apaise. Car c’est ainsi qu’il opère, depuis toujours. Là où d’autres bataillons s’affichent, lui s’efface. Là où d’autres revendiquent, lui se tait. Mais il est toujours là, prêt à surgir, là où l’Histoire, soudain, bascule.
Les équipages du 12th Air Battalion ne connaissent ni la routine ni la complaisance. Sélectionnés parmi l’élite des pilotes de l’armée, formés au combat aussi bien qu’au vol de précision en zone urbaine, ils s’exercent sans relâche, souvent de nuit, dans un ballet discret au-dessus de Washington, comme ce jour tragique.
La lieutenant-colonel Erika A. Holownia, médecin militaire de formation, dirige cette unité d’une main de fer. Elle-même a connu l’enfer des évacuations sous le feu ennemi en Afghanistan et en Irak. Elle sait ce qu’il en coûte de perdre un appareil, et encore plus un équipage.