Par Arlette Akoumou Nga
Nous possédons toutes un trésor : la vie. Et en prime, la santé. Au départ, tout le monde ne reçoit pas le même pécule ni le même héritage, mais si on gère bien son budget vitalité, on peut garder son compte bien garni, et engranger des bénéfices sans hypothéquer son avenir. Tout au moins, on peut garder son portefeuille dynamisme à l’équilibre. Il n’est jamais trop tard pour ne pas gaspiller ses ressources et faire les bons placements. À la clé, des intérêts à long terme.
On parle de plus en plus de régimes ou de «superaliments» anti-inflammatoires. En attendant son livre Votre santé illimitée, qui sort en février (Éd. Marabout), Emilie Steinbach, docteure en biologie intégrative, neuroscientifique, spécialisée en neuro-nutrition (@TheBrainGutScientist), remet un peu les pendules à l’heure, quitte à mettre les pieds dans le plat.
on retrouve un point commun, une inflammation chronique de bas grade qui, au fil des mois et des années, peut perturber le fonctionnement de l’organisme sans signes cliniques évidents. D’où vient-elle ? De la malbouffe, du stress, du tabac, de la sédentarité ou encore de l’accumulation de masse grasse, car l’excès de tissu adipeux libère des molécules pro-inflammatoires dans le sang. On peut mesurer cette inflammation très simplement avec une analyse sanguine en faisant doser certains marqueurs, dont la CRP ultrasensible (ou Protéine C-réactive). Elle doit être le plus proche possible de zéro (soit moins de 0,5 mg par litre) ou en tout cas, idéalement, en dessous de 3 mg/L.»
Alimentation végétale
Pour la diminuer, pas de révolution de table ni de diète bizarroïde. Pour notre experte, il suffit d’une alimentation principalement végétale, qui n’exclut pas les protéines animales (poissons, œufs de filière oméga-3, produits laitiers, viande maigre de pâturage). L’idéal : plus de 30 aliments d’origine végétale différents par semaine, légumes de toutes les couleurs, légumineuses, céréales complètes, noix, fruits (surtout les fruits rouges), herbes, épices. 150 à 250 grammes de petits poissons gras par semaine, sardine, hareng, maquereau, truite, anchois (pas trop salés). En gros,le régime méditerranéen traditionnel.
Ultimes conseils : ne jamais manger stressée. Dès que vous vous attablez, activez vos cinq sens, ne serait-ce qu’une minute, pour mettre en route l’axe intestin-cerveau, et mâchez bien. Enfin, veillez à votre santé bucco-dentaire. Les bactéries de la bouche peuvent attaquer les gencives, dont la peau peut devenir perméable, comme celle de l’intestin. Cette hyperperméabilité contribue à l’inflammation de bas grade qui, à terme, peut avoir des effets délétères sur l’organisme entier, jusqu’au cerveau.
… et avec l’ayurvéda
Les médecines douces nous rabâchent que «nous sommes ce que nous mangeons». En ayurvéda, nous serions surtout ce que nous digérons. La médecine traditionnelle indienne invite donc à soigner notre agni, le petit feu qui «brûle» dans l’estomac et les intestins. Cette force digestive permet au corps de transformer les aliments. De faire, aussi, le tri entre les nutriments utiles à l’organisme et les déchets.
Un agni perturbé peut relever d’une faiblesse chronique résultant de plusieurs mois ou années d’alimentation inadaptée à notre nature (le fameux dosha ayurvédique), ou en raison d’une alimentation de mauvaise qualité. «Le hic : les substances non assimilées sont source de toxines, décrit Fabien Correch, thérapeute ayurvédique et auteur, avec Nathalie Ferron, de Ma bible de l’ayurvéda (Éditions Leduc). Les ennemis du feu digestif sont nombreux : mode de vie sédentaire, irrégularité des repas, excès ou insuffisance de nourriture – ou d’eau pendant le repas –, manque de sommeil, manger la même chose toute l’année, sans tenir compte des saisons.» Pour chouchouter notre agni, Fabien Correch conseille une détox régulière qui déchargera les intestins des déchets. Les aliments alcalins, comme le citron, la banane, la pomme de terre à l’eau, l’avocat, sont aussi recommandés, tout comme le bicarbonate de soude (à diluer dans l’eau de cuisson des lentilles, par exemple). «On mastique bien et on laisse 1⁄4 de l’estomac vide afin de ne pas le surcharger», précise le Dr Sebastian Lazar, spécialiste en médecine traditionnelle indienne, dans le Kerala. «Côté boissons, pas d’eau froide, mais de petites gorgées d’eau tiède ou chaude tout au long des repas et en dehors.»