Par Mon’Esse
Le directeur général de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), Jean-Louis Liscio, a invité l’ensemble de ses collaborateurs, en grève depuis le début de la semaine, à rejoindre leurs postes de travail respectifs samedi.
Dans une note d’information parvenue vendredi à la rédaction, il fait état d’une concertation tenue le même jour avec les délégués du personnel, les présidents de syndicats ainsi que les représentants départementaux du Travail et de la Sécurité sociale, ayant permis des avancées par rapport aux revendications des employés.
Celles-ci portent notamment sur l’augmentation de 5% du taux horaire de l’ensemble de la grille des salaires, la revalorisation de 150 francs de la prime mensuelle de salissure, ou encore la hausse de 500 francs de la contribution mensuelle de l’employeur pour les agents d’exécution saisonniers.
La direction générale de la Sosucam rappelle par ailleurs avoir déjà apporté des réponses à plusieurs autres doléances, à l’origine du récent mouvement de colère ayant conduit à la destruction par le feu de 150 hectares de plantations de canne à sucre.
Ces émeutes, selon des sources locales, ont nécessité l’intervention musclée de forces de maintien de l’ordre et fait entre un et cinq morts et plusieurs blessés, côté protestataires et hommes en tenue, sur les sites de production de Mbandjock et Nkoteng (Centre).
Mercredi, l’eurodéputée française Marina Mesure a saisi la Commission européenne en vue de dénoncer le mauvais traitement réservé aux employés de la Sosucam, détenue à 74% par le groupe français Somdiaa, «en application de l’Accord de partenariat économique – APE – liant l’UE au Cameroun et en vertu des valeurs fondamentales de l’UE, notamment le respect des droits humains (article 2 du traité sur l’UE), la Commission doit impérativement veiller au respect des droits de l’Homme dans ses relations avec le Cameroun».
Pour cette élue de la France Insoumise, le fait que l’entreprise la Sosucam appartienne à un groupe alimentaire dont le siège se trouve dans un pays membre de l’UE nécessite une attention particulière des services de la Commission.
S’adressant directement au commissaire européen au commerce et à la sécurité économique, elle exige que des comptes soient rendus par le groupe français Somdiaa et, évoquant les directives de l’UE, elle rappelle qu’elles imposent aux entreprises européennes de respecter les droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne le droit des travailleurs en garantissant une rémunération équitable et satisfaisante pour chaque employé, assurant ainsi à lui-même et à sa famille une existence conforme à la dignité humaine, complétée, si nécessaire, par d’autres moyens de protection sociale.
Cependant, note Marina Mesure, Sosucam semble appliquer une grille salariale proche de celle d’une entreprise esclavagiste, et dont la régularité soulève de nombreuses interrogations.