Par Arlette Akoumou Nga
Les agressions ont marqué le début d’un “effort antiterroriste étendu” centré sur le camp de réfugiés densément peuplé de Jénine, selon des responsables israéliens, et se poursuivaient depuis lundi après-midi, heure locale. Au moins huit personnes ont été tuées et 80 blessées, selon le ministère palestinien de la Santé, dont 17 dans un état critique. Les Forces de défense israéliennes ont déclaré que l’opération se poursuivrait indéfiniment.
« Nous le ferons aussi longtemps que nécessaire ; il n’y a pas de calendrier à ce sujet pour le moment », a déclaré aux journalistes le lieutenant-colonel Richard Hecht, un porte-parole de Tsahal. Un autre Palestinien a été abattu par des soldats près de la ville de Ramallah alors qu’il protestait contre l’attaque de Jénine.
Des coups de feu, des drones et des explosions ont été signalés par des habitants de Jénine et dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux. Les résidents ont rapporté avoir reçu des SMS de numéros israéliens les avertissant de rester à l’intérieur pour leur protection. Des messages séparés adressés aux militants leur conseillaient de “se rendre pour votre sécurité et celle de ceux qui vous entourent”.
L’utilisation de la puissance aérienne et d’une force de la taille d’une brigade dans l’assaut représente une escalade militaire significative dans le nord de la Cisjordanie, qui a été la cible de fréquents raids israéliens de type commando cette année. Les affrontements se sont intensifiés ces derniers mois ; parmi eux, un échange de tirs à Jénine le 19 juin qui a tué cinq Palestiniens. Un hélicoptère de combat Apache construit aux États-Unis a été utilisé pour aider à évacuer les soldats israéliens pris à l’intérieur du camp, la première fois qu’Israël s’est tourné vers la puissance aérienne en Cisjordanie depuis le soulèvement connu sous le nom de deuxième Intifada au début des années 2000. Plus tard dans la nuit, Israël a effectué sa première frappe de drone en Cisjordanie depuis 2006, tuant trois militants présumés.
Le camp surpeuplé et appauvri de Jénine, un dédale tentaculaire au centre de la ville, est en grande partie non surveillé par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne et est connu comme une plaque tournante pour le Hamas, le Jihad islamique et d’autres factions armées. Les militants y ont déployé des explosifs en bordure de route et la semaine dernière ont tenté de tirer une roquette brute sur Israël, bien qu’elle ait échoué rapidement après son lancement. Tsahal a déclaré qu’un lance-roquettes et des centaines d’engins explosifs improvisés avaient été confisqués par les troupes lundi.
Les responsables israéliens ont déclaré que l’offensive de lundi visait à affronter de manière décisive le rôle de longue date de la ville en tant que base d’opérations militantes. Au cours des deux dernières années, “la plupart des attentats terroristes contre les Israéliens sont venus de Jénine”, a écrit l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Michael Herzog, sur Twitter après l’attaque.
Au moins 15 attaques contre des citoyens israéliens au cours des derniers mois ont été lancées depuis Jénine, selon Tsahal, et 19 personnes participant à ces agressions ont ensuite fui vers le camp.
“Notre objectif principal est essentiellement de briser cette mentalité de refuge”, a déclaré Hecht. « Nous n’essayons pas de tenir bon ; nous agissons contre des cibles très précises” . Les attaques israéliennes ont commencé lundi peu après 1h du matin et ont détruit ce que Tsahal a qualifié de centre de commandement militant qui servait de centre de planification, de stockage d’armes et de communications. Le bâtiment était entouré de blocs résidentiels et de plusieurs installations utilisées par l’agence des Nations Unies chargée d’aider les réfugiés palestiniens.
Le camp de Jénine, vieux de plusieurs décennies, a l’un des taux de chômage et de pauvreté les plus élevés parmi les camps de réfugiés de Cisjordanie, selon les Nations Unies. Des milliers d’habitants du camp sont sur des listes de surveillance israéliennes, ce qui les rend inéligibles aux permis de travail.
La violence a augmenté cette année en Israël et dans les territoires occupés. Près de la moitié des quelque 140 Palestiniens tués par Israël en Cisjordanie entre le 1er janvier et fin juin étaient affiliés à des groupes militants, a rapporté l’Associated Press. Mais dans plusieurs cas, des enfants ont été tués alors que les forces de sécurité israéliennes adoptaient des tactiques de plus en plus agressives. En mars, un garçon de 14 ans a été tué lors d’un raid dans le centre de Jénine, selon une enquête du Washington Post. En juin, une jeune fille de 15 ans a été tuée lors d’un autre raid.
Au moins 23 Israéliens ont été tués par des Palestiniens en juin, selon un décompte des médias et des personnalités du gouvernement israélien. Le mois dernier, des hommes armés du Hamas ont tué quatre Israéliens dans une station-service à l’extérieur d’Eli, une petite colonie israélienne perchée sur une colline. En réponse, des groupes de colons masqués ont saccagé des villages palestiniens pendant plusieurs jours, incendiant des voitures et des maisons. Un habitant, un Palestinien américain, a été tué.
