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Par Arlette Akoumou Nga Avec Afp
Madagascar se préparait mercredi à une nouvelle ère de régime militaire : le colonel Michaël Randrianirina, doit être investi président vendredi, a indiqué mercredi un communiqué diffusé par la télévision publique malgache. Ce commandant du Capsat, une unité d’élite de l’armée malgache, est déjà président de fait de ce pays parmi les plus pauvres et corrompus de la planète.
« Conformément à l’article 48 de la Constitution, le colonel Randrianirina Michaël prêtera serment en qualité de président de la Refondation de la République de Madagascar lors d’une audience solennelle de la Haute cour constitutionnelle (…) au Palais d’État d’Ambohidahy (…) le vendredi 17 octobre », précise ce texte signé de la main du nouvel homme fort. Il avait annoncé mardi, devant le palais présidentiel malgache la fin de la présidence d’Andry Rajoelina. Les équipes du président démis Andry Rajoelina ont quitté mardi soir le véritable palais présidentiel d’Iavoloha, après l’arrêt de la Haute cour constitutionnelle déclarant la présidence vacante.
« Pas un coup d’État » mais une « une prise de responsabilité »
« Ce n’était pas un coup d’État, c’était une prise de responsabilité parce que le pays est tombé au bord du gouffre », s’est défendu le nouveau dirigeant lors d’un entretien à plusieurs chaînes TV malgaches. Un comité d’officiers de l’armée, de la gendarmerie et de la police doit superviser une refonte des institutions, selon son annonce de la veille. Paradoxalement, Antananarivo s’est démilitarisée depuis que le contingent militaire du Capsat a pris le pouvoir mardi des mains d’Andry Rajoelina, qui se dit réfugié dans un « lieu sûr » et que des médias disent en fuite à l’étranger.
La vie quotidienne a retrouvé son cours dans la capitale malgache où les nombreux barrages quadrillant la ville depuis le début des manifestations, le 25 septembre, ont disparu. Et sur la place du 13-mai, les véhicules blindés ont laissé place à une scène où s’est produite la vedette locale Thiera Kougar. Les duels de danse entre deux gorgées de boissons enivrantes ont remplacé les va-et-vient de pick-up bondés de militaires.
« On savoure ce premier combat gagné »
« C’est pour célébrer le mouvement que la Gen Z a commencé. Ils ont gagné le droit de s’exprimer parce qu’avant on se faisait arrêter », Fenitra Razafindramanga, 26 ans, capitaine de l’équipe de rugby de Madagascar parmi les quelques centaines de fêtards. « On s’inquiète de la suite mais on savoure ce premier combat gagné qui nous a donné de l’espoir. Mais on continuera de se battre quand même », prévient, chapeau de paille aux couleurs du logo Génération Z sur la tête, Fenitra Razafindramanga, manifestante des semaines passées.
L’Union africaine suspend Madagascar de ses instances
Sa préoccupation rejoint celle plus nettement exprimée par les instances internationales. En particulier l’Union africaine qui a « suspendu avec effet immédiat » mercredi Madagascar de ses instances.
Le secrétaire général de l’Onu, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, s’est dit « profondément préoccupé par le changement inconstitutionnel de pouvoir à Madagascar ». La France, l’ex-puissance coloniale, a jugé mercredi « essentiel que la démocratie, les libertés fondamentales et l’État de droit soient scrupuleusement préservés ».
Des élections annoncées dans 18 à 24 mois
Le nouvel homme fort de l’île a promis des élections dans 18 à 24 mois et assuré mercredi préparer un « processus de consultation pour trouver un Premier ministre le plus vite possible ». En attendant, une cour s’est réunie à la direction du Capsat mercredi. Représentants de collectif de jeunesse, de la société civile ou d’organisation religieuse ont été reçus. D’autres visiteurs ont patienté des heures dans l’espoir d’une audience ou pour afficher une visite de courtoisie.
