Accueil » Pourquoi les États-Unis n’avaient pas de langue officielle… jusqu’au 1er mars dernier

Pourquoi les États-Unis n’avaient pas de langue officielle… jusqu’au 1er mars dernier

Jusqu’à un décret signé par Donald Trump début mars, les États-Unis n’avaient pas de langue officielle. Pour comprendre pourquoi, il faut remonter aux origines de la république américaine.

by world top news
0 comments

Par Sandra Embollo

L’anglais est souvent vu comme un instrument de la puissance américaine. Mais beaucoup ignorent qu’avant le 1er mars 2025 il n’était même pas la langue officielle du pays de l’Oncle Sam. Celui-ci n’en avait même aucune. Surprenant quand on sait que 78,3 % des habitants de plus de 5 ans parlent l’anglais chez eux, d’après le Bureau du recensement.

Les raisons de ce choix (ou de ce non-choix) par les « Framers », les rédacteurs du texte suprême (George Washington, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson…), ne sont pas claires. « Parce que les discussions se sont déroulées en secret et qu’on doit se reposer sur les notes informelles de James Madison, il n’est pas évident que des questions autour de la langue soient survenues pendant la convention de Philadelphie » de 1787, écrit James Crawford, directeur de l’ouvrage Language Loyalties (éd. University of Chicago Press, 1992). « Mais tout porte à croire que les premiers leaders américains voyaient les lois sur la langue comme une sorte de menace contre les libertés civiles. »

Une mosaïque linguistique

En effet, à la fin du XVIIIe siècle, les États-Unis étaient comme aujourd’hui une mosaïque linguistique, façonnée par les vagues successives de colons, leurs esclaves et les peuples amérindiens. L’allemand, le français, l’espagnol, l’irlandais et le hollandais étaient parlés, sans oublier des centaines de langues tribales et des dialectes africains. D’après James Crawford, le « bilinguisme et souvent le trilinguisme » étaient monnaie courante au sein de l’élite, qui affichait avec fierté sa maîtrise de plusieurs langues (le président Thomas Jefferson se targuait de parler français, latin et italien et de lire le grec), comme chez les servants. Dans ce contexte, les « Framers », qui plaçaient les libertés individuelles sur un piédestal (du moins pour les hommes blancs), ont pu penser que le gouvernement national n’avait pas à dicter à la population quelle langue parler. D’ailleurs, l’idée du Père fondateur John Adams de créer une institution dédiée au perfectionnement et la protection de l’anglais américain, à l’image de notre Académie française, a été tuée dans l’œuf quelques années plus tôt.

Vers une reconnaissance officielle par Trump

Certes, la non-mention de l’anglais dans la constitution fédérale n’est pas synonyme d’absence de règles. Depuis 1906, les candidats à la naturalisation doivent passer un test de lecture et de compréhension pour devenir des Américains. Et la plupart des États – trente-deux sur cinquante – ont inscrit l’anglais comme langue officielle dans leurs lois. Toutefois, celles-ci sont souples. Le Washington Post rappelle ainsi que la Californie, qui stipule dans sa constitution que les parlementaires locaux doivent « prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer que le rôle de l’anglais comme langue commune… est préservé et protégé  », propose des services et des documents électoraux dans neuf langues, ainsi qu’une version espagnole du site de l’administration qui délivre les permis de conduire et les cartes d’identité. Au niveau fédéral, le débat autour de la reconnaissance de l’anglais refait surface de temps à autre. En 2019, le député d’extrême droite Steve King (Iowa) a présenté une proposition de loi visant à en faire la langue officielle des États-Unis. Elle avait reçu le soutien de US English, un lobby formé en 1983 par un sénateur d’origine japonaise à cette fin. En 2021, d’autres élus républicains ont remis le couvert. En vain. Cette année-là, l’institut de sondage Rasmussen a trouvé que 73 % des Américains adultes étaient favorables à la reconnaissance de l’anglais comme langue officielle du pays.

Le 1er mars 2025, le président Trump a finalement signé un décret établissant l’anglais comme seule langue officielle des États-Unis, pour « promouvoir l’unité » d’un pays où l’espagnol monte en puissance. Si le décret révoque un texte de 2000, signé par Bill Clinton, qui visait à l’amélioration de l’accès aux services publics pour « les personnes dotées d’une maîtrise limitée de l’anglais », les agences fédérales restent autorisées à fournir des services dans des langues autres que l’anglais.

You may also like

Leave a Comment

About Us / QUI SOMMES NOUS

Comme son nom l’indique, Panorama Papers est un site d’information générale qui couvre la plupart des actualités mondiales en termes généraux. Nous avons également une chaîne YouTube où vous trouverez de superbes interviews et d’autres vidéos d’actualité. Les papiers Panorama sont un produit PANORAMA GROUP, LLC. Nous travaillons avec nos propres moyens (sans sponsors), pour vous fournir une information crédible et de qualité.




NOUS CONTACTER:

SILICON VALLEY 237 APPELEZ VITE

@Tous droits réservés. Conçu et développé par JETECHNOLOGIE