Par Arlette Akoumou Nga
Le Monde a dénoncé mercredi dans un éditorial «l’expulsion déguisée» de son correspondant à Moscou, Benjamin Quénelle, dont l’accréditation de presse vient d’être «annulée» par les autorités russes. «Le Monde déplore cette expulsion déguisée de notre journaliste, qui a passé, de manière ininterrompue, plus de vingt ans en Russie, d’abord pour La Croix et Les Echos, avant de rejoindre Le Monde», a déploré le directeur du quotidien, Jérôme Fenoglio, dans cet édito écrit en français et en russe.
Son accréditation avait d’abord été «suspendue» il y a quatre mois avant d’être annulée, «ce qui revient de fait à lui interdire de pouvoir exercer son métier de correspondant dans la capitale russe et dans l’ensemble du pays», estime le directeur. «Cette révocation de notre droit à pratiquer notre métier (en Russie, ndlr) est sans précédent», assure-t-il.
«Nouvelle entrave à la liberté d’informer»
«Même dans les moments les plus tendus de la guerre froide, Le Monde avait poursuivi son travail à Moscou et ailleurs, pour effectuer enquêtes et reportages afin de raconter et d’expliquer la réalité et les complexités de ce pays continent», affirme son directeur, dénonçant une «nouvelle entrave à la liberté d’informer dans (le) pays», notamment depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022. Se référant aux explications données à la diplomatie française par le ministère des Affaires étrangères russes, Jérôme Fenoglio explique que cette décision «constitue une mesure de rétorsion après le refus par Paris de délivrer un visa de presse à de supposés journalistes du quotidien Komsomolskaïa Pravda», réputé proche du Kremlin. Selon le Quai d’Orsay, ces journalistes étaient en réalité des «agents des services de renseignement russes», souligne le directeur du Monde qui appelle Moscou à faire machine arrière. «Nous demandons instamment aux autorités russes de revenir sur cette décision, dictée par des considérations qui ne concernent en rien notre titre», écrit Jérôme Fenoglio.