Par Ilyass Chirac Poumie
Alors que le Cameroun est plongé dans une campagne électorale tendue, une image interpelle : celle d’une affiche géante de Paul Biya, candidat à sa propre succession, qui surplombe un énorme tas d’immondices. La scène, prise dans une grande agglomération, choque par son contraste entre la promesse politique affichée et la réalité sociale qui se dégage du sol.
Dans les rues, l’image est saisissante : le visage souriant de Paul Biya, soigneusement retouché sur une affiche électorale flambant neuve, trône majestueusement… au-dessus d’une montagne de détritus en décomposition. À défaut d’incarner l’avenir radieux promis par son slogan de campagne, la scène illustre plutôt, avec un réalisme glaçant, la misère et l’insalubrité que subissent les Camerounais au quotidien.
Les habitants, mi-amusés mi-écoeurés, n’ont pas manqué de tourner en dérision cette mise en scène involontaire. « Voilà le vrai programme ! », ironisent certains, tandis que d’autres suggèrent d’inscrire au slogan du Rdpc: “Avec Biya, la continuité… des ordures !”
Ce cliché, largement relayé sur les réseaux sociaux, est déjà devenu un symbole pour de nombreux internautes. Certains y voient une métaphore de l’état actuel du pays, gangrené par la misère, l’insalubrité et l’absence de services publics performants, alors que le pouvoir sortant affiche un discours de continuité et de prospérité.
Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, mène une nouvelle campagne dans un contexte de contestation sociale et de fatigue populaire. Les questions liées à la gouvernance, à la gestion des déchets, à la pauvreté et aux infrastructures urbaines sont au cœur des critiques contre le régime. Cette juxtaposition entre le visage du chef de l’État et le désordre urbain alimente un débat sur l’écart grandissant entre le discours officiel et la réalité quotidienne des Camerounais.
