Par Ilyass Chirac Poumie
Le chancelier allemand Friedrich Merz a appelé, ce lundi 6 octobre, l’Allemagne à boycotter l’Eurovision 2026 dans l’hypothèse où Israël serait exclu de la compétition.
“Israël fait partie intégrante de la communauté européenne de la culture et de la musique. Ils font tout simplement partie du concours, point final”, a déclaré Merz lors d’une conférence de presse à la chancellerie.
Cette déclaration intervient alors que l’Union européenne de radio-télévision (UER) doit prochainement annoncer sa décision sur la participation d’Israël, en pleine controverse autour du conflit en cours à Gaza. Plusieurs diffuseurs européens, notamment en Scandinavie et au Benelux, ont plaidé pour une suspension temporaire du pays, invoquant “le caractère politique et polarisant” de la situation.
Le chancelier allemand, soutenu par une partie du Bundestag, a jugé “inacceptable” toute mesure d’exclusion.
“Nous avons déjà vécu une époque où la culture servait d’arme politique. L’Allemagne ne participera pas à une telle dérive”, a-t-il averti, soulignant que “l’Eurovision doit rester un espace de paix et de dialogue, pas un instrument de sanction.”
Du côté de la ARD, diffuseur public allemand et membre de l’UER, la position officielle se veut prudente : “Nous respectons les discussions en cours, mais nous rappelons que la musique est un vecteur d’unité, non de division”, a indiqué la chaîne dans un communiqué.
À Vienne, où le concours doit se tenir en mai 2026, le débat divise déjà la classe politique autrichienne : le chancelier Karl Nehammer a exprimé sa “compréhension” pour la position allemande, tandis que certains élus écologistes et sociaux-démocrates réclament un encadrement plus strict de la participation des pays impliqués dans des conflits armés.
L’Eurovision a déjà connu plusieurs controverses diplomatiques. En 2022, la Russie avait été exclue à la suite de son invasion de l’Ukraine, une décision sans précédent. Depuis, plusieurs voix au sein de l’UER plaident pour des règles plus claires sur les critères de participation, entre neutralité artistique et responsabilité politique.
Israël participe au concours depuis 1973 et y a remporté quatre victoires, dont la dernière en 2018 avec Netta et le titre “Toy”.
L’enjeu dépasse le seul cadre musical : une exclusion éventuelle pourrait rouvrir un débat sur la place d’Israël au sein des institutions culturelles européennes — et mettre à l’épreuve la cohésion du continent à l’heure des tensions géopolitiques.
