Par Sandra Embollo
Plusieurs hauts gradés, en interne, reconnaissent qu’il s’agit d’une « très lourde perte ». Le dispositif Mirador n’a en effet jamais perdu autant d’hommes dans une attaque depuis qu’il est déployé dans le nord.
Les 28 soldats tués, tout grade confondu, appartiennent aux effectifs de cette opération, dispositif anti-terrorisme, créé en février 2022 et qui compte environ 3 000 hommes.
La position visée est un site fortifié de l’opération Mirador. Celui-ci a été attaqué avec des armes puis incendié, selon les informations de RFI.
Après l’alerte, l’armée a riposté par air et terre. La traque aurait permis de neutraliser plusieurs jihadistes.
Selon les informations le chef d’état-major de l’armée de terre et le commandant du théâtre d’opération sont en route pour le Point Triple, là où l’attaque a eu lieu. Pour le bilan, les sources militaires en restent toujours à 28 soldats tués, vendredi matin. Il pourrait évoluer, tout dépend de l’état dans lequel se trouvent les rescapés sur lesquels aucune information n’est disponible. Actuellement, l’armée informe les familles des victimes sur ce qui est arrivé. Leurs corps ont été rapatriés par hélicoptère sur Kandi, ville située à une heure du lieu de l’attaque, au nord du Bénin.
Dans un message dont RFI s’est procurée une copie, le chef d’état-major de la garde nationale, ancien patron de l’opération Mirador, a lancé un appel au sursaut et de courage à ses compagnons d’armes. Le colonel Gomina Faizou écrit : « Le matériel à lui tout seul ne suffit pas pour gagner… Réveillez-vous ! Nous n’allons pas plier, nous n’allons pas périr, nous vaincrons ».
Patrice Talon déclarait récemment que les terroristes, en totale liberté dans les pays voisins, continuaient d’éprouver l’armée béninoise sur les lignes frontières du nord du pays, malgré ses efforts.
Cette attaque a eu lieu près de la frontière du Bénin avec le Niger et le Burkina Faso. Au Bénin, elle a été unanimement condamnée. Pour le parti d’opposition Les Démocrates, il s’agit d’une « tragédie nationale de grande ampleur ». Les deux grands partis du camp présidentiel, le Bloc républicain et l’Union progressiste pour le renouveau, rendent hommage aux soldats tombés et appellent à l’unité et à la solidarité. Le président de l’Assemblée nationale, lui, a publié un message de la même tonalité.
L’opposition réclame à Patrice Talon « un deuil national de trois jours » et lui recommande d’avoir une approche régionale dans sa lutte contre le terrorisme. Comprendre : une invitation à travailler avec le Niger et le Burkina Faso, deux pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), et d’autres voisins. « Patrice Talon n’en fait pas encore assez », a affirmé le leader du mouvement Demain Il fera beau.