Par Sandra Embollo
Affectés à un poste de sécurité dans la région frontalière de Bouna, les militaires ont été interpellés alors qu’ils opéraient dans une zone sensible, théâtre d’une opération récente contre un site d’orpaillage clandestin. Leur arrestation, effectuée par les VDP — des civils armés soutenant l’armée burkinabè dans sa lutte contre les groupes jihadistes —, a eu lieu lors d’un contrôle jugé « de routine » par Ouagadougou.
Le point exact de leur interpellation reste sujet à débat : s’agit-il d’un franchissement involontaire de la frontière ou d’une confusion de territoire dans une zone mal délimitée ? Quoi qu’il en soit, les canaux diplomatiques ont été activés sans délai, aboutissant à un compromis visant à désamorcer toute montée en tension. Il faut dire que la frontière commune, longue et peu sécurisée, est régulièrement le théâtre d’incidents entre les forces des deux pays, sur fond d’activités criminelles transfrontalières. L’épisode n’est pas isolé. En avril dernier, plusieurs Vdp burkinabè avaient été arrêtés côté ivoirien avant d’être renvoyés dans leur pays. En septembre 2023, deux gendarmes ivoiriens avaient été capturés dans des circonstances similaires au Burkina Faso, et n’avaient recouvré la liberté qu’au bout de plus d’un an de détention.
Alors que le Burkina Faso est confronté à une intensification des attaques jihadistes, la Côte d’Ivoire, elle, reste relativement épargnée. Dans ce contexte, la thèse d’une incursion volontaire ivoirienne soulève des doutes à Abidjan. « Quel intérêt nos gendarmes auraient-ils eu à franchir délibérément la frontière, au risque d’être arrêtés et de créer une crise inutile entre nos deux pays ? » interroge un officier supérieur ivoirien. Et d’ajouter : « Aucun, évidemment. ».