Par Mon’Esse
Le projet Cstar Tank Farm, initié par la Société nationale des hydrocarbures (Snh) du Cameroun, «est un cas d’école de gouvernance opaque, d’enrichissement des élites et de détournement des ressources de l’État», estime l’avocat Akere Muna.
Cette affaire, si elle n’est pas contrôlée pourrait, selon ce non moins membre du groupe de haut niveau de l’Union africaine sur les flux financiers illicites en provenance d’Afrique, devenir un nouveau scandale de type Glencore dans lequel des millions auraient été versés à des hauts fonctionnaires camerounais pour des contrats pétroliers, et saper davantage la confiance publique et détournant des fonds destinés au développement du pays.
Dans une déclaration publique à l’intention des citoyens, du Parlement, des institutions financières internationales, de la Commission nationale anti-corruption (Conac) et à la Chambre des comptes de la Cour suprême, il affirme que la structure et les opérations de ce projet «présentent des violations flagrantes des principes de gouvernance d’entreprise, des normes éthiques et de la redevabilité», qui devraient justifier un examen urgent de la situation.
Cstar, constate le par ailleurs candidat à l’élection présidentielle prévue en octobre, est enregistrée à Dubaï, une juridiction connue pour son opacité en matière de sociétés, toute chose qui obscurcit toute responsabilité, et sa propriété est répartie entre Ariana Energy (49%), Tradex (31%) et la SNH (20%), alors que l’origine et les bénéficiaires de ces entités restent flous.
La Snh, une entité 100 % étatique, finance en réalité le projet, ce qui selon Akere Muna soulève des questions à propos des fonds publics camerounais transitant par des structures offshore, sans un contrôle clair.
La présidente et directrice générale de Cstar, Nathalie Moudiki, est l’épouse de l’administrateur-directeur général de la Snh, Adolphe Moudiki, ce qui crée un conflit d’intérêts inacceptable, la SNH étant un actionnaire majeur de Cstar.
Sans compter que le beau-fils du président de la République, Paul Biya, a récemment été nommé aux conseils d’administration de Tradex en Guinée Équatoriale et en République démocratique du Congo, et sa présence à la récente réunion de Dubaï suggère un rôle non déclaré dans le projet, renforçant ainsi les perceptions de capture de l’État et d’enrichissement des élites.
Pour Akere Muna, ci-devant bâtonnier de l’Ordre national des avocats, le peuple camerounais mérite la transparence, la redevabilité et une gestion équitable de ses ressources et non un nouveau montage entouré de secret.