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Par Joseph OLINGA N.
Nouveau Scrutin, même problématique au Cameroun. Alors que l’élection présidentielle s’est déroulée le 12 octobre dernier, les camerounais restent dans l’expectative : les regards tournés vers Elections Cameroon (Elecam) organe en charge de l’organisation des élections puis de la collecte des résultats -sur la base des procès verbaux consentis avec les représentants des candidats – qu’il est chargé d’acheminer à la commission de recensement des votes, avant d’être déposés au Conseil constitutionnel qui, lui, est chargé de procéder aux arbitrages préalables avant de proclamer en dernier lieux les résultats. Seulement, au Cameroun, le principe défini par la loi électorale est sujet à présomptions du fait de la perception que les différents organes en charge de la gestion du fichier électoral ont laissé chez les acteurs de l’opposition, la société civile et l’opinion. Du coup, au sein de l’opposition, l’on a appris à se contester et revendiquer les résultats souvent proclamés par les organes en charge de la gestion du processus, tous réputés proches du pouvoir en place.
Du coup, la bataille des chiffres qui précède la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025 au Cameroun cesse d’être une curiosité pour les observateurs avertis de la scène sociopolitique camerounaise. Dans la perspective de la proclamation officielle des résultats annoncée par le Conseil constitutionnel, le 23 octobre prochain, le camp présidentiel et l’opposition rivalisent d’adresse pour présenter à l’opinion les résultats compilés par leurs soins. A ce jeu, la commission de recensement des votes n’est pas étrangère.
Alors que l’instance, à priori soumise au secret, centralise les résultats provenant des 58 départements du pays, des sources hauts placés en son sein ont d’ores et déjà organiser la fuite des résultats à travers des communicants proches du candidats du Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir. C’est ainsi que dès la nuit du 20 au 21 octobre, journalistes, lanceurs d’alertes et militants du Rdpc ont commencé à annoncer la victoire du chef de l’État sortant, Paul Biya.
La fuite relayée par l’hebdomadaire Jeune Afrique indique que le chef de l’État sortant et candidat du Rdpc serait vainqueur de l’élection du 12 octobre dernier avec un score estimé à 52, 66% des suffrages exprimés par les électeurs. Les mêmes sources creditent son poursuivant immédiat, Issa Tchiroma Bakary d’une moisson électorale estimée à 35, 19%. Le classement savamment distillé sur les plateformes électroniques soutient aussi que Cabral Libii, candidat du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) et Bello Bouba Maïgari, candidat de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) arrivent en troisième et quatrième position de ce scrutin avec respectivement 3,41% et 2,45%.
Pas de quoi échaudé le camp de Issa Tchiroma Bakary, candidat du Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc). Ancien partenaire de Paul Biya dans le cadre de la plateforme gouvernementale, le candidat porté par l’Union pour le changement, la plateforme de circonstance, dont l’objectif est de conjuguer les forces de l’opposition pour affronter le Rdpc, a, lui aussi procédé à la compilation des résultats collectés par ses mandataires à travers les bureaux de vote. L’exercice circonscrit sur les 18 départements représentant 80% de l’électorat national crédite le candidat du Front pour le salut national du Cameroun d’un score de 62,2% de suffrages obtenu en sa faveur. En avance de plus de trente points devant Paul Biya qui apparaît en deuxième position avec 26,7% des suffrages exprimés dans les urnes.
Les résultats rendus publics par l’Union pour le changement attribuent la troisième place a Bello Bouba Maïgari, candidat de l’Undp qui est crédité d’un score de 4,0%. Suivi de Cabral Libii du Pcrn 3,7% avec pour poursuivant immédiat Joshua Osih du Social democratic front (Sdf).
La bataille pour qui obtient le meilleur score lors de l’élection présidentielle du 12 octobre dernier au Cameroun est telle que depuis la soirée du 20 octobre, les sympathisants du candidat de l’Union pour le changement, manifestent leur joie dans les rues de certaines villes et certains lieux à forte concentration du pays. Même si jusqu’ici l’épicentre de manifestations jubilatoires paraît concentré dans la ville de Garoua, au Nord Cameroun, les autorités administratives ont d’ores et déjà militarisé les principales villes du pays, dans la perspective des mouvements de contestations annoncés en cas de proclamation de la victoire de Paul Biya.
Dans le même temps, les cadres du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) ne font pas l’économie des appels à la paix surtout après la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel.
